Un bébé ou pas?

2 contributions / 0 nouveau(x)
Dernière contrib.
eva
Un bébé ou pas?

Bonjour,

Agée de 38 ans nous tentons avec mon compagnon de 47 ans de faire un bébé depuis plusieurs années, sans succès. Nous sommes suivis en PMA pour "infertilité inexpliquée". Avant d'être en couple avec cet homme l'envie de bébé était déjà là et je ne me suis que très peu protégée d'un grossesse avec deux compagnons précédents (depuis l'âge de 31 ans donc environ). Jamais l'ombre d'un début de grossesse. Selon moi je n'ai aucun blocage "psy", j'ai eu une enfance très heureuse, des parents qui ont fait leur maximum, une famille sans histoire. (Ma soeur a également dû passer la PMA pour enfanter mais dans son cas l'infertilité s'expliquait plus clairement, car "visible" après examens, ce qui n'est pas mon cas).
Mon compagnon a déjà une fille de 17 ans. Il est plutôt motivé pour faire un enfant, mais certainement moins que moi...
Le problème est que plus le temps passe et moins l'envie de cet enfant me paraît raisonnable. L'âge du père, notamment... (lorsque nous avons commencé il avait tout juste 44 ans, déjà, cela commençait à urger...)

Je préfère me passer d'enfant plutôt que de faire un enfant handicapé (je suis désolée pour celles et ceux que ce propos choquera, mais c'est la vérité).
Mais je vis très mal l'asymétrie de notre couple : la relation père-fille est très compliquée à accepter pour moi (sa fille vit en ce moment avec nous, et bien que je fasse toujours bonne figure et que cette fille soit objectivement adorable, je ne la considère que comme un intrus et ne parvient pas à "l'intégrer" dans mon esprit, ni dans ma maison...).

J'ai peur de regretter de ne pas avoir persévéré. J'ai subi plusieurs traitements de stimulation simple, ainsi qu'une IAC. Je me suis dégonflée à la deuxième IAC juste avant le début de la prise de traitement.

Je précise que par ailleurs j'ai un travail qui me passionne et une passion qui m'habite depuis toujours (je suis musicienne et je l'enseigne...), des centres d'intérêt qui me comblent.

Je ne suis pas non plus rassurée sur le fait d'avoir ce futur enfant tout le temps avec nous, jusqu'à la vieillesse de mon homme...

Les contraintes et contingences liées à la présence d'un jeune enfant ne m'enchantent pas plus que ça... Le fait de donner une chambre à un futur enfant m'angoisse ; ou vais-je mettre mon bureau pourtant indispensable à mon épanouissement professionnel et au respect de moi-même? Ne vais-je pas me perdre, tout simplement?

Et pourtant j'ai peur de regretter, d'avoir l'impression de m'être sacrifiée. Sacrifiée par peur d'être moins heureuse qu'avant, mais d'avoir sacrifié aussi cet éventuel puissant bonheur. Sacrifiée pour laisser une chambre à l'enfant de mon mari alors qu'elle a 17 ans et qu'elle sera de moins en moins chez nous dans les années à venir...

M'être sacrifiée pour les autres, en somme, et par peur de "faire une bêtise".

Pourtant je souffre depuis environ 10 ans de ne pas connaître cela...

L'infertilité ne fait que remettre sans cesse sur le tapis ces questionnements ; si je n'étais pas "malade", j'aurais un enfant depuis plusieurs années, comme tout le monde, et ces questionnements pénibles ne seraient plus là.

Que dois-je faire?

Grand merci pour votre aide...

celine-lemesle
Bonsoir Madame

Votre témoignage traduit de nombreux freins, semblant privilégier le sentiment de contrainte à celui du désir d'enfant. Il me paraît important de souligner deux aspects alimentant votre ambivalence:

- le fait social/familial d'avoir un enfant, d'être mère, de faire cette expérience comme pour ne pas être "exclue" vis à vis des autres femmes qui ont connu la maternité ...(parmi elles: votre mère, peut être des s&oeligurs et belles s&oeligurs...)

- et la rivalité qui vous oppose (peut être inconsciemment d'ailleurs) à la 1ère épouse de votre compagnon, femme qui lui a donné une fille. Il est à ce titre courant de ressentir une crainte de ne pas être suffisamment aimée ou considérée aux yeux de l'amoureux, puisque n'ayant pas égalé cette fonction maternelle.

Cette rivalité semble par ailleurs se reporter implicitement sur votre belle fille et sur un Bebe potentiel, venant prendre toute la place, jusqu'à occuper votre espace personnel, l'empiéter et vous obligeant à vous sacrifier.

Je pense que vous devriez travailler autour de ces questions, ce en quoi la maternité peut être menaçante plus que comblante, et en rechercher l'origine. Ainsi vous répondrez probablement à plusieurs de vos questions et délimiterez davantage ce qui est du registre de la peur ou tout simplement du désir assumé de ne pas désirer être mère.

Quelque soit votre cheminement je pense que tout est dans la nature, que chacun doit pouvoir décider de ce qu'il souhaite entreprendre ou non. L'assumer permet de se libérer de ses vieux démons et de sortir d'une posture victimisante et coupable. Actez avec respect ce qu'il vous semble bon pour vous, n'écoutez que votre intuition, elle sera de loin la meilleure garante de votre plaisir à vivre.

Bonne continuation

Céline Lemesle, Psychologue