Le langage corporel des bébés: que nous disent ils?

Comment se tisse le sentiment d'exister chez le bébé ?

Un bébé ne s'éprouve pas seul, il a besoin d'être mis en contact avec le monde extérieur pour se sentir progressivement exister. Ces premières sensations passent par le corps. Ce corps est en rapport avec la peau, l'enveloppe corporelle qui permet une délimitation entre les fonctions physiologiques (internes) et l'environnement (externe), entre soi et l'autre. Cette enveloppe nous donne peu à peu cette sensation de totalité. 

« Le corps est en lien avec le sens tactile, mais aussi avec l'odorat et le goût... ». 

   Lorsque le fœtus flotte dans le ventre utérin, cette poche fait partie intégrante de lui-même, il n'a pas conscience qu'il en est distinct. C'est seulement à travers l'expérience de la naissance, qu'il s'éprouve soudainement. Le domaine du soma (corps) correspond donc à l'enveloppe corporelle, qui interagit et est en étroite relation avec le rythme cardiaque, l'alimentation, la respiration, l'hydratation, la digestion, l'excrétion. 
   Il est en lien avec le sens tactile, mais aussi avec l'odorat et le goût, provenant de l'extérieur et venant alimenter les fonctions biologiques du corps. 

« Cette expérience lui permet d'éprouver les limites de son propre corps » 

   Pour exemple, lorsque l'on prend un bain à température identique de celle de son propre corps, il n'est pas véritablement possible de s'éprouver comme une entité distincte de celle de l'eau du bain. Se voit recrée pour un temps l'illusion que nous faisons fait partie d'un tout, indistinct de cette eau. 
   Lorsque le bébé est sorti du bain, cette différence de température, en même temps qu'elle peut s'avérer désagréable, lui permet d'éprouver les limites de son propre corps, sensation renforcée lorsqu'un linge est posé sur lui et que chaque partie de son corps peut être essuyée une à une. 

« Si on touche le bébé directement aux niveau de ses mains et de ses pieds, cela le surprend »

   Les techniques de Stimulation Basale insistent notamment sur la nécessité de masser ou d'essuyer le bébé en partant du centre de l'abdomen pour aborder les extrémités périphériques du corps dans un second temps, reprenant ainsi la façon dont le fœtus s'est constitué originellement : d'abord une sorte de petit haricot comprenant le tronc corporel et la tête. 

   Puis, le fœtus en grandissant développe conjointement ses membres supérieurs (ce qui deviendra les bras et les mains) et inférieurs (les jambes et les pieds). 
   Ce n'est donc que dans un second temps que bras et jambes ont été constitués, dès lors le bébé s'il s'éprouve de façon archaïque c'est d'abord à travers son tronc, sa tête puis ses bras et jambes. 

   Il faudra d'ailleurs environ trois mois après la naissance pour que le bébé réalise qu'une main passe devant ses yeux et qu'elle lui appartient. 

   Si on touche le bébé directement aux mains et aux pieds, cela le surprend et ne lui permet pas de se saisir de ce qui lui arrive, il sera bien souvent mieux rassuré si sa toilette, ses changes, ses soins... s'adaptent et s'accordent aussi à ce processus développement fœtal. 

« La perception de son corps apparait habituellement entre 18 mois et 3 ans »

   La totalité de la surface corporelle de l'être humain est alors capable de perception. Elle se constitue progressivement chez l'enfant à mesure qu'il construit et intègre la perception de son schéma corporel (image mentale que son corps existe), représentation qui apparait lorsque le jeune enfant est en capacité de se repérer et de s'identifier dans le miroir, habituellement entre 18 mois et 3 ans. 
   Un petit test amusant est possible à proposer à son enfant : déposez lui une marque de couleur rouge sur le nez puis placez le devant le miroir, s'il réagit en se touchant le nez, c'est la preuve qu'il aura constaté une marque bizarre au milieu de son visage, son corps lui appartient, il en a conscience. 
   En revanche, s'il ne réagit pas, qu'il reste indifférent, c'est qu'il ne se représente pas encore tout à fait comme distinct du corps de sa maman. Son corps reste encore pour un temps une sorte de prolongation du corps maternel. Son identité va se dessiner progressivement au cours des mois qui suivent... 

« Un bébé a besoin du contact corporel et d'être touché... pour se sentir aimé et pouvoir exister »

   La peau dispose de nombreuse propriétés et permet de ressentir la pression, la douleur, la chaleur, le froid, le toucher, ainsi que le changement de sa propre tonicité lors des mouvements. 

   La stimulation corporelle (massage, toucher, guillis, soins...) devrait permettre au bébé au fil du temps, d'acquérir le sentiment de son intégrité corporelle, une perception de la surface cutanée (peau) en tant que limite et lieu d'échange entre ses fonctions intérieures (physiologiques) périphériques (sa peau) et le milieu ambiant (externe). 
   Un bébé a besoin du contact corporel, d'être touché. 

   Des études récentes montrent par exemplequ'un bébé à sa naissance met deux fois plus de temps à se réchauffer dans une couveuse que sur le corps de sa mère. 

   Le contact peau à peau à la naissance n'a pas que des propriétés physiologiques, il rassure également la mère et son bébé. 

   Baigné dans l'odeur qui lui est familière, cette sensation lui permet d'activer, entre autre, la recherche de succion. C'est alors en déployant toute son énergie, en s'appuyant sur ses jambes et en s'aidant de ses bras, que le nouveau-né parvient progressivement à se hisser vers le mamelon. Cette ascension spectaculaire est très positive pour le bébé, poussé par sa pulion de survie, il expérimente alors très précocément son autonomie et la gratification de ses efforts. 

   Des têtées de bienvenues deviennent de plus en plus courantes dans les maternités, y compris chez les femmes qui ne souhaitent pas allaiter par la suite. De même, les unités mère/kangourou ont pour philosophie de privilégier ce contact peau à peau pour chaque bébé, y compris pour les enfants nés prématurément. 

   Chaque enfant se développe à travers les soins corporels de maternage. Notre société a tendance à faire progressivement reculer le tabou du toucher, longtemps inscrit dans nos idées. 

"Un tricotage relationnel" qui passe par la communication corporelle entre la mère et son bébé

    Il semble dès lors très important d'adresser une attention corporelle à son bébé, de lui faire sentir son corps au travers de massages, de soins qui font l'objet d'une mise en sens de sa vie et des événements qui jalonnent son existence. Un bébé que l'on ne berce pas d'un bain de parole ne peut pas se sentir exister. C'est parce qu'il est traversé de la parole accueillante et aimante de son parent qu'il se sent vivre. 

« Un bébé tout seul ça n'existe pas, disait Winnicott ! »

   Très tôt cette tendresse et attention se reportent sur le corps du bébé, cela commence in utéro pour le fœtus, certaines femmes ont pu pratiquer l'haptonomie (dite la science de l'affectivité) pour entrer en lien avec leur bébé et pour permettre aussi au papa de communiquer précocement avec son futur bébé. 
   La future maman, au même titre que le futur papa ont pu alors contenir, ressentir et accueillir dans leurs mains ce fœtus, en appliquant sur le ventre maternel un « toucher douceur ». 

   C'est à travers les prémices de cette relation tissée que le bébé, une fois né pourra reconnaitre ses parents, à travers la qualité de l'enveloppement qu'ils lui ont adressée et qu'il retrouve de façon familière pour lui. 

« Ces bébés sont peu rassurés dans les grands berceaux » 

   Les bébés recherchent la stimulation corporelle et manifestent une préférence pour téter, sucer le pouce, garder le sein dans la bouche.... ils sont peu rassurés dans les grands berceaux et supportent mal la sortie du bain. 

   Voici la raison pour laquelle, il est d'usage dans les maternités de proposer des berceaux de très petite taille et d'ajouter autour du bébé des sortes de boudins (serviettes, couvertures) pour l'entourer au mieux, lui redonner d'une certaine façon des sensations corporelles se rapprochant de celles qu'il a ressenti dans la poche utérine, le contenant dans un espace de plus en plus étroit au gré deson développement foetal.
   S'il n'est plus d'usage aujourd'hui d'emmailloter les bébés au point qu'ils ne puissent plus bouger (19ème siècle), les placer dès la naissance dans un espace trop grand peut les angoisser, leur vivre la sensation de vide. 

   Plus tard, les bébés rechercheront dans leur lit une surface solide contre laquelle se coller, retrouvant alors une position fœtale rassurante, car contenante et familière. 

A lire dans la même rubrique : "le mouvement - un enjeu essentiel du développement sensoriel du bébé"

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Céline Bidon-Lemesle, Psychologue Clinicienne, Thérapeute Familiale, Formatrice.

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