Le mouvement : un enjeu essentiel pour le développement sensoriel du bébé?

La mère et son bébé se découvrent à travers une danse symbiotique

         Le mouvement inclut toutes les perceptions de l'équilibre, le positionnement dans l'espace, l'accélération, la station debout, la marche... Indépendamment de l'âge, tout le monde à besoin de ces stimulations qui donnent un maximum d'informations sur le positionnement du corps dans l'espace, mais également qui permet de faire le lien entre les expériences visuelles et les sensations éprouvées. Le mouvement est en lien avec la vue et correspond aux repères inscrits à travers l'espace et le temps. Quand on soulève ou que l'on tourne un bébé sans le prévenir, il peut se représenter progressivement un tiers qui vient se présenter à lui, qui diffère de lui même, de son propre corps et de son propre mouvement. 

« Le mouvement a toujours été ressenti par l'enfant, avant même sa naissance »

    Certains réflexes se mettent à l'œuvre (réflexe de Moro) comme pour se protéger d'une chute possible (bras en arrière et écartés) ou encore le réflexe de la marche qui s'inscrit dès la naissance et qui va s'effacer au bout de quelques jours pour réapparaitre au moment venu plus tard dans le développement de l'enfant, physiologiquement et psychologiquement alors prêt à marcher. Le mouvement a toujours été ressenti par l'enfant, avant même sa naissance in utéro, en lien avec le liquide amniotique. 

         Très tôt dans le ventre de sa mère, le fœtus de quelques semaines virevolte sans cesse, bouge, rebondit, tourne, également au gré des mouvements de sa mère quand elle marche, court, danse, va à la piscine...elle-même. 

Une danse symbiotique entre la mère et son fœtus se tisse progressivement. Des rythmes propres à ce couple mère/fœtus se construisent très précocement, donnant à ce futur bébé des repères rythmés qui lui seront de nouveaux familiers une fois né et projeté dans ce monde aérien. 

Comment le bébé vit il sa naissance ?

         Pendant le travail de l'accouchement et dès sa naissance, il est montré sur le plan physiologique que  le bébé n'éprouve pas de sentiment d'insécurité. Son rythme cardiaque notamment ne témoigne pas des signes révélateurs d'un stress. 

         L'accouchement étant particulièrement éprouvant pour les femmes et leur entourage, et l'on pense souvent à tord que les bébés éprouvent la même souffrance. 

« A sa naissance, le bébé passe d'un monde maritime autonome à la contrainte du milieu aérien et terrestre... »

         Toujours est-il que le bébé, à sa sortie du ventre maternel, va éprouver une sensation de privation intense liée à sa condition de dépendance et de vulnérabilité nouvelle, celle qu'il n'éprouvait pas lorsqu'il était dans le ventre maternel. Il passe d'un monde maritime autonome sur le plan alimentaire, sphinctérien, vestibulaire.... à la contrainte du milieu aérien et terrestre, ce qui le contraint à dépendre scrupuleusement de l'adulte qui devient sa référence, tant dans ses besoins physiologiques qu'affectifs. 

      Ce monde aérien le contraint soudainement dans ses mouvements. C'est dans les bras de ses parents, de sa famille et des professionnels de la petite enfance que le bébé pourra de nouveau éprouver et retrouver ces sensations de mouvements, les repères de ce registre qui lui était tant familier. 

         Très précocement, le couple mère/bébé va adopter des postures en s'accordant l'un l'autre. Le tonus musculaire interagit du bébé à la maman et réciproquement telle « une danse » posturale. Ces modifications toniques ne s'observent qu'au décours de films passés au ralenti, tel que Brazelton a pu le montrer. 

         C'est comme si, à travers le portage et les échanges corporels durant les soins prodigués au bébé, pouvait alors se revivre conjointement le portage éprouvé initialement entre la mère et son fœtus in utéro. 

« A sa sortie du ventre maternel, le bébé recherchera naturellement ces mêmes sensations ».

         Les femmes enceintes, qui ont beaucoup marché et couru durant leur grossesse, qui ont monté les marches régulièrement, qui ont continué à faire du sport plus ou moins intensivement, ont également pu communiquer avec leur bébé, ces stimulations devenant des repères pour lui. Certaines femmes auront également bercé leur fœtus via l'haptonomie (science du toucher par l'affectivité), entre autre.  

A sa sortie du ventre maternel, il sera bien entendu que ces bébés, particulièrement stimulés par le bercement et le rythme ressenti in utéro, rechercheront naturellement les mêmes sensations une fois nés. Inutile alors de vouloir les confiner dans un berceau, les rendant alors statiques et immobiles, source d'inconfort majeure qu'ils sauront rapidement exprimer...  

Ce qu'aiment les bébés à travers le mouvement...

         Les bébés aiment crapahuter très tôt dans leur environnement, grimper, s'accrocher à toute surface leur permettant de se tenir, de se hisser, de se mettre debout. Ils aiment rouler, se tourner, ce sont des bébés « cascadeurs », qui grimpent parfois même avant de marcher. Ils aiment l'eau, la piscine, tout ce qui leu permet de retrouver une liberté corporelle....

         Plus tard, ces bébés aimeront courir, danser, tourner sur eux-mêmes, faire des galipettes et des cabrioles...Les bébés apprécient certains mouvements rythmés se retrouvent également au décours du développement ordinaire de l'enfant qui se balance dans son lit pour se recentrer sur lui-même, au même titre qu'un adulte qui se tortille les cheveux en réunion ou qui agite le pied pour maintenir son attention. 

         Ce type de stéréotypie avant d'être perçue comme pathologique (notamment chez les enfants autistes) participe au développement normalisé de l'enfant. C'est l'impossibilité pour l'enfant de s'en défaire, l'empêchant de développer d'autres compétences qui devient pathologique !Ils aiment pouvoir circuler librement sur une surface délimitée par leurs parents. Ils ont souvent du mal à accepter le « célèbre parc » trop contenant et ne leur permettant pas toujours de faire suffisamment d'expériences motrices à leurs yeux.

        Ils apprécient tous les jeux moteurs, lorsque ses parents le fait tourner, le fait sauter sur les genoux, se hisser dans des tunnels en tissu, monter et descendre des surfaces au sol de plusieurs hauteurs.... 

      Plus tard, ils sont très à l'aise sur les toboggans, aiment monter et descendre inlassablement les marches. Ils ont également un intérêt particulier pour les objets leur permettant d'agir directement ou indirectement sur le mouvement : observer le mobile musical qui bouge au dessus du lit, manipuler les objets, les faire tomber à terre, jouer à l'ouverture et la fermeture des portes et des placards, avancer avec des objets mobiles, des voitures sur le sol, faire tourner des toupies...

« Les balancements dans les bras, le portage... le hamac ... sont autant de sensations du mouvement retrouvé qui bercent et calment généralement le bébé ».

         Ces bébés aiment également le bain et la piscine, leur permettant de revivre des sensations aquatiques lorsqu'ils étaient dans le ventre maternel... Les balancements dans les bras, le portage kangourou ou sur le dos à la façon africaine, dans le hamac, en poussette, dans une balancelle, dans la voiture ... sont autant de sensations vestibulaires qui bercent et calment généralement le bébé. 

         Les jeunes enfants (qui tiennent bien leur tête) aiment être lancés en l'air par leur père (le plus souvent), être manœuvrés dans tous les sens, ils disposent à nouveau sur ce laps de temps très court de leur liberté aérienne. 

       Plus tard, ils apprécieront tout autant les jeux des fêtes foraines et des parcs aquatiques, leur procurant les mêmes sensations. 

A lire dans la même rubrique : "le langage corporel des bébés"

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Céline Bidon-Lemesle, Psychologue Clinicienne, Thérapeute Familiale, Formatrice.