Ma compagne a souffert d'une mère absente...

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ren31
Ma compagne a souffert d'une mère absente...

Tout d'abord je vous remercie pour cet espace que je découvre et que je trouve vraiment très pertinent.

Excusez-moi le message va être un peu long, mais il me semble que les détails ont leur importance.

Je continue:
Ma compagne a souffert d'une mère absente, qu'elle qualifie également de perverse narcissique, a été violée par son père, son frère, oui c'est du lourd, s'est échappée de chez elle et n'a plus aucun contact avec ses parents.
Elle a passé 15 ans en thérapie.

Nous nous sommes rencontrés à l'étranger il y a 22 ans, et sa meilleure amie était amoureuse de moi à sens unique.
Histoire impossible pour elle d'autant qu'elle était déjà engagée.
Bref je ne l'ai jamais oubliée... elle non plus.

Elle m'a recontacté il y a 9 mois, suite au divorce avec le père de ses enfants. Elle eu entre temps une relation avec un homme marié qui était dépressif et s'est suicidé.

Moi même engagé depuis 12 ans, je suis quand même allé la voir ça a été immédiatement merveilleux.
J'ai quitté ma compagne avec beaucoup de souffrance et de culpabilité...

J'ai habité chez elle avec ses deux enfants à 600 km de chez moi quasi immédiatement.
Les 6 premiers ont été merveilleux, nous nous entendions parfaitement, mais je ne mesurais pas le poids de son passé.

J'ai fait des erreurs, lui mentir une fois pour la protéger au moment de ma séparation, j'ai vite compris, elle souhaitant vivre dans une totale transparence et je l'ai rejoint.

J'ai été vexé par un des choix professionnel sur lequel elle m'a peu consulté, j'ai eu des mots maladroits, je l'ai blessée. Elle a trouvé que je ne m'intéressais pas assez à elle à deux trois reprises pour avoir oublié de lui demandé comment s'était passée une réunion parent prof et ce genre de choses. Elle m'a vu alcoolisé, cela ne lui a pas plus, j'ai évolué immédiatement.

Elle a souhaité que je prenne un appartement à coté ce que je me suis entêter à refuser, elle m'a quitté il y a 15 jours.

J'ai donc pris un appartement , nous nous somme retrouvés et m'a requitté sans raisons cette fois-ci la semaine dernière.

Je regardais le livre "les mères absentes" de Jasmin lee cori un chapitre y décrit tout à fait son attitude et c'est là que je souhaitais en venir sur son style d'attachement qui est très bien qualifié dans ce passage:

Style B : • Je n'aime pas devoir dépendre des autres. Je trouve que c'est le meilleur moyen d'être blessé. • Je préfère ne pas montrer ma vulnérabilité à l'autre. D'ailleurs, je préférerais ne pas me sentir vulnérable ! • Je ressens un stress lorsque quelqu'un s'approche trop près de moi.

Elle me dit qu'elle a besoin de se détacher de moi, qu'elle lutte contre sa tristesse de ne plus pouvoir poser son épaule au creux de mon être, qu'elle lutte pour se dire qu'elle doit avoir confiance en demain, que du meilleur l'attends, que ses larmes noient ses yeux, que je suis si présent en elle, qu'elle a besoin de se renforcer avant de pouvoir me revoir, d'arriver à se détacher.

Je suis sous anti dépresseur depuis 3 semaines, j'attends ses coup de fils, elle ne veut pas que je la force, je la respecte, je ne sais plus comment faire... pour regagner sa confiance, elle me dit que la magie de nos retrouvailles n'est plus.
je suis moi-même perdu dans un petit village où je ne connais personne, comment la sécuriser ? Je ne veux pas l'abandonner ni pour elle qui se dit traumatisée par l'abandon de ses parents ni pour moi car j'aurai le sentiment d'être passé à coté de ma vie...

celine-lemesle
Bonsoir monsieur

Merci de votre témoignage, je vous confirme, les détails sont très importants dans votre récit... pour mieux comprendre ce qui se joue.

Cette relation est très destructrice car passionnelle et basée sur une cristallisation du désir depuis des années, c'est comme si vous vous étiez rêvés l'un l'autre prince et princesse d'un conte de fée dans lequel chacun a écrit sa partie, mais sans jamais faire se rencontrer ces deux histoires, pour cela il aurait fallu vous rencontrer pour de vrai!

Elle vous tient à distance pour mieux fantasmer votre relation, et retrouver l'idylle féérique qui l'a probablement alimentée durant des années en votre absence.

La relation du réel ne pourra jamais la combler en l'état, vous serez toujours imparfait à ses yeux, car elle ne vous voit pas tel que vous êtes, elle vous voit tel qu'elle souhaiterait que vous soyez, figé au creux de ses désirs, et non "au creux de votre être".

Ainsi elle vous reprochera toujours de ne pas être à la hauteur de ses espérances, car personne ne peut rivaliser avec les rêves!

Or, exister dans le rêve de l'autre n'est possible qu'à moins d'accepter d'être une sorte d'effigie, et cela contraint à ne jamais se manifester véritablement personnellement...

L'accepter revient à se détruire soit même, à exporter la relation dans une romance mélancolique qui n'a comme seul dessein de rester mélancolique, avec la promesse d'un malheur certain.

Je mesure l'emprise dans laquelle vous vous retrouvez tous les deux et si son histoire personnelle trouve des ressorts évidents à ces mécanismes, éclairant ce qu'elle vous fait vivre et endurer en retour (manipulation consciente ou non, dépendance affective et abandon), ou en d'autres termes par projection de sa propre histoire d'enfant sur vous - je pense qu'il serait également essentiel de rechercher les vôtres, ceux la même qui alimentent et accueillent ce type de fonctionnement propre à cette dynamique de couple -

Qu'est ce qui fait que vous vous en remettez à ce point, sans libre arbitre, à cette femme, que vous ressentez, sans distinction aucune, des sentiments qu'elle projette sur vous?

Vous avez tout quitté pour elle, vous ne l'abandonnez pas, c'est elle qui vous a abandonné comme elle a, elle même, jadis, été abandonnée... elle devra sans doute toujours abandonner l'autre avant de ne l'être soit même, pour continuer à exister.

C'est l'histoire de sa vie, sa survie psychique en dépend. Elle ne peut pas s'attacher à un homme, cela se ferait au péril de sa vie.

Elle a fait de vous son idéal masculin, mais pas en chaire et en os, pas pour de vrai, vous seriez trop dangereux pour elle, elle vous aime à distance, car c'est à cette seule condition qu'elle peut contrôler ses émotions et sentiments, qu'elle ne risque pas une nouvelle emprise.

Cette histoire amoureuse est très complexe, et j'ai bien peur de vous dire qu'il faudrait mieux y renoncer.

Vous ne la sauverez pas de son histoire,plus vous irez vers elle, plus vous l'attendrez, plus vous renforcerez sa méfiance et sa peur de tomber sous votre emprise (mère perverse et père incestueux), aiguisant toutes sortes de mécanismes de défense en elle.

De toute évidence elle n'est pas prête, elle ne le sera peut être jamais, car traumatisée et trahie par les personnes de confiance qui auraient du la construire étant enfant. Ceci restera une marque indélébile. Alors comment donner sa confiance après cela?

Seule une relation de nature "opératoire" (à distance émotionnelle) la rassurera et c'est précisément tout le contraire de ce que vous éprouvez pour elle et de ce que vous avez envie de partager au sein de ce lien.

Pour l'heure, la question abandonnique résonne également sur vous, plutôt que de tenter de comprendre ce qui pourrait déjouer ses tourments pour la ramener à vous, préférez une introspection personnelle...

La dépression, quel qu'en soit le déclencheur, a pour but de dire "stop" à une situation insupportable.
Profitez de ce temps pour en comprendre les ressorts à votre niveau et identifier vos propres résonances personnelles.

Vous avez besoin du soutien d'un professionnel psychologue ou psychiatre (attention les psychothérapeutes sans autre titre n'ont pas de formation diplômante)pour vous aider à traverser ce chapitre de vie...

Vous asservir à elle ne pansera pas ses blessures profondes, en revanche cela risque de vous faire totalement perdre confiance en votre jugement.

Interrogez vous sur la question du sauveur/sauvé, ou encore sur la dimension de culpabilité/expiation, et sur ce que cela suscite en vous...

Je vous souhaite tout le courage nécessaire pour faire face à cette épreuve, qui vous rendra plus fort, mais cela vous ne le mesurerez qu'après coup...

Bien à vous

Céline Lemesle, Psychologue