Article 5 : Aider l’enfant à mieux tolérer les frustrations et à gérer sa colère

Pour l’enfant qui présente le trouble TDAH mixte ou celui avec hyperactivité-impulsivité prédominante, le développement de la maitrise de soi s’avère particulièrement difficile. Cela est directement lié aux caractéristiques inhérentes au trouble, soit les difficultés d’inhibition comportementale et d’autocontrôle. 

En raison de ses difficultés d’inhibition comportementale, il recherche souvent la gratification immédiate de ses désirs ou de ses besoins et éprouve des difficultés à attendre la satisfaction de ceux-ci ou à accepter les contraintes imposées. 

Il cherche à obtenir immédiatement ce qu’il veut, à éloigner les frustrations ou à éviter les tâches ennuyeuses ou déplaisantes. La durée de son attention ou de son intérêt envers une tâche ou une activité étant courte, il éprouve rapidement une envie irrépressible de changer pour une activité plus intéressante ou pour une tâche plus gratifiante.

Pour la plupart des enfants ayant un TDAH, même ceux qui prennent des médicaments, le seuil de tolérance à la frustration reste relativement bas et les émotions semblent à fleur de peau, surtout quand la fatigue ou un grand niveau d’excitation s’en mêlent. 

L’enfant ressentira alors de la frustration ou de la colère, et son impulsivité rendra difficile le contrôle de ces émotions intenses ou la conservation de sa maitrise de soi. Ainsi, les problèmes d’autocontrôle de l’enfant pourront entrainer la désobéissance aux demandes raisonnables de l’adulte, mais déplaisantes pour lui, la violation de certaines règles établies ou des problèmes à gérer la frustration et la colère.

La difficulté à maitriser son émotivité peut nuire considérablement à l’adaptation sociale de l’enfant. Les problèmes de maitrise de soi constituent un très grand facteur de risque de développer un trouble oppositionnel avec provocation et un trouble de conduite. 

Ces troubles pourront persister à l’adolescence et à l’âge adulte, en particulier si l’encadrement familial ou scolaire est inapproprié ou si l’individu ne reçoit pas les traitements appropriés précocement. C’est pourquoi il importe d’aider l’enfant à développer une meilleur maitrise de soi. 

Elle dépend, toutefois, fortement des habiletés sociales de l’enfant et de sa capacité à identifier et à exprimer ses émotions correctement. Ainsi, les parents qui désireront développer la maitrise de soi de leur enfant devront aussi l’aider à améliorer ses habiletés sociales et sa capacité à identifier et à exprimer ses émotions.

Les interventions parentales favorisant une maitrise de soi chez l’enfant

Déterminer les facteurs qui déclenchent des pertes de contrôle

PeinturePour prévenir les accès de colère de l’enfant, le parent peut observer les facteurs 

  • qui déclenchent ses pertes de contrôle (besoins frustrés, injustice, blessure à l’estime de soi et sentiment d’échec, perte de pouvoir personnel, envahissement de son espace vital, évocation émotionnelle) 
  • ou qui aggravent la situation (fatigue, faim, manque d’exercice, degré d’excitation élevé, fin de l’effet du médicament, accumulation de stress, colère déplacée, perceptions déformées, etc.). 

Une fois ces facteurs repérés, le parent peut essayer de mettre en place des moyens de pallier ces difficultés. Par exemple, pour éviter les frustrations liées au moment des devoirs, il pourra d’une façon proactive, aider l’enfant à s’organiser et à gérer son temps (Cf. article pour des devoirs sans crise et sans larme). 

Il pourra l’aider à gérer la réalisation de ses tâches scolaires, en commençant par exemple par les tâches les plus faciles, en divisant les tâches difficiles en différentes étapes à réaliser ou en divisant le temps d’étude en deux.

Aviser l’enfant à l’avance des changements et le préparer à ces changements

Si l’enfant est impulsif, il peut réagir négativement à un changement de routine. Si c’est le cas, il est préférable que le parent avise l’enfant à l’avance de tout changement horaire ou de toute situation qui pourrait le perturber (sortie, changement de baby-sitter, etc.). 

Il est très important de préparer l’enfant à ces changements en discutant avec lui des comportements qu’il devrait adopter dans ces situations. Toutefois, si l’enfant a tendance à s’inquiéter inutilement lorsqu’il y a un changement annoncé, à devenir fébrile ou à harceler sans cesse le parent pendant le temps d’attente, il est préférable de retarder l’annonce du changement.

Intervenir en faisant un signe

Le parent peut utiliser des codes non verbaux pour ramener l’enfant à l’ordre de façon discrète (geste de la main, regard, etc.), surtout en public. Un indice non verbal peut constituer une intervention de départ qui permettra de lui faire prendre conscience de l’incompatibilité de son comportement avec les exigences de la situation. 

Cette intervention sert à rappeler à l’enfant les normes de comportement à respecter. Il peut s’agir d’un code ayant fait l’objet d’une entente préalable entre le parent et l’enfant. 

L’intervention non verbale est « moins forte » qu’un rappel verbal et provoque moins de réactions de la part de l’enfant. Elle lui permet de se rééquilibrer par rapport à la situation sans que les autres soient au courant de la situation.

Dire le prénom de l’enfant

Il suffit parfois de prononcer le prénom de l’enfant pour qu’il prenne conscience que ce qu’il est en train de faire n’est pas approprié et qu’il cesse son comportement. Il faut dire le prénom d’un ton ferme et non agressif. 

Il ne faut pas abuser de cette technique car le caractère répétitif diminue son efficacité. Aussi, il faut se rappeler que cela ne constitue pas une garantie que l’enfant saura quoi faire d’autre que ce qu’il fait à ce moment-là.

Atténuer la tension par l’humour

A moins que l’enfant soit très susceptible, l’utilisation de l’humour peut, dans certains cas, aider à dédramatiser la situation ou à aider l’enfant à cesser un comportement inapproprié. 

En même temps, l’enfant pourra sentir que le parent n’est pas ébranlé par les comportements impulsifs, agressifs ou inappropriés et qu’il garde un contrôle sur la situation.

Apporter son aide au moment opportun

Pour apporter son aide au moment opportun, le parent doit être à l’affut des signes de tension que manifeste l’enfant et apporter son aide avant qu’il ne se décourage ou que la frustration soit trop forte. 

Cette méthode demande une bonne connaissance de la capacité de l’enfant à réaliser les tâches demandées. L’intervention doit être rapide et ponctuelle.

S’approcher de l’enfant ou le calmer par le toucher

Le parent se place près de l’enfant ; la seule présence rapprochée du parent peut aider l’enfant à reprendre une maîtrise de lui-même. 

A l’occasion, le parent peut toucher l’enfant sur les épaules ou sur les bras, afin que ce dernier sente le soutien de sa présence physique. Un bon massage des épaules ou du dos peut aussi aider l’enfant à se relaxer.

Restreindre l’espace ou limiter l’usage du matériel

Afin d’éviter les pertes de contrôle de l’enfant dans certaines situations (excitation trop forte, disputes, etc.), il peut être approprié de retirer certains objets (par exemple, des objets cassants), de limiter leur usage à certains moments (par exemple, interdire les jeux vidéo juste avant le coucher) ou dans certaines circonstances (par exemple, quand l’enfant est fatigué) ou d’interdire l’accès à certains lieux (par exemple, un parc où il y a des modules de jeu qui sont dangereux).

Restructurer l’activité ou l’espace

En ce qui concerne la restructuration de l’activité, il peut s’agir de la modifier afin de l’adapter aux besoins particuliers de l’enfant, de l’interrompre (par exemple, parce que les enfants commencent à se disputer) ou de la remplacer par une autre activité. 

Pour ce qui est de restructurer l’espace, il peut s’agir de changer l’aménagement d’une pièce (par exemple, espacer les chaises autour de la table pour éviter que les enfants se touchent) ou de changer les enfants de place afin d’éviter certaines interactions négatives entre eux.

Manifester de l’affection

La manifestation d’affection régulière aide l’enfant à se calmer et à atténuer ses tensions physiques et psychologiques. Elle combe aussi un besoin essentiel et peut prévenir que l’enfant recherche de l’attention de la part du parent par l’expression de la colère.

 

Exiger

  • Formuler des consignes de façon directe et précise (appeler l’enfant par son prénom, établir un contact visuel, parler d’un ton ferme et neutre, dire ce qu’il doit faire).
     
  • Réduire à l’essentiel les règles à suivre (maximum cinq) et les formuler de façon claire. Préciser le comportement attendu et non celui qui est inapproprié. Illustrer les règles par des pictogrammes, des images ou des photos et les afficher. Il faut agir avec fermeté et constance dans l’application des règles sans devenir trop sévère ou limitatif. Prévoir avec l’enfant des conséquences positives et négatives pour le respect ou non de ces règles.
     
  • Etablir des routines claires et stables pour les situations qui posent problème (départ pour l’école, arrivée à la maison, réalisation des devoirs, heure du coucher, ménage de la chambre, etc.). Afficher ces routines et les rappeler régulièrement à l’enfant.
     
  • Etablir une liste de tâches quotidiennes incontournables tant sur le plan scolaire (temps d’étude, réalisation des devoirs) que sur le plan familial (rangement des effets personnels, soins personnels, etc.). Négocier avec l’enfant un contrat qui établit ces tâches et les conséquences liées à leur réalisation (système de récompenses) ou à leur non réalisation (punition).

Ne faire aucun cas des comportements d’intolérance mineurs à la frustration de l’enfant

Le parent ne doit pas prêter attention aux comportements inappropriés mineurs, par exemple, lorsque l’enfant se plaint sans cesse qu’une situation est trop difficile pour lui ou que la tâche est ennuyeuse, ou lorsqu’il essaie de provoquer l’adulte ou d’obtenir son attention d’une façon inappropriée. 

Le parent ne doit pas regarder l’enfant, ni lui dire quoi que ce soit. Il doit s’abstenir de froncer les sourcils, de soupirer  ou de montrer des signes de découragement, car l’enfant en conclura que son comportement réussit à énerver le parent, ce qui rend la méthode inefficace.

Il ne faut pas non plus qu’il en parle à d’autres. Les réprimandes et les critiques sont aussi une forme d’attention qu’il faut éviter. Il faut également veiller à ce que le comportement ne soit pas renforcé indirectement par les réactions des autres enfants. 

Dès que l’enfant se comporte correctement, il est essentiel de lui redonner de l’attention positive. Naturellement, le parent ne pourra fermer les yeux sur un comportement destructif ou qui pourrait mettre en danger l’enfant ou son entourage.

Encourager

Il faut féliciter  fréquemment l’enfant quand il fait un effort ou qu’il respecte les consignes. Lui rendre compte de ses progrès peut aussi l’aider à tolérer les frustrations nécessaires pour continuer à s’améliorer.

Une question d’attitude

Aider l’enfant à avoir une meilleur maitrise de soi, c’est aussi une question d’attitude de la part des adultes qui l’entourent. Il faudra éviter de crier ou de hausser le ton, d’argumenter, de répondre à l’agressivité par l’agressivité, de menacer l’enfant de représailles ou de recourir à la contrainte physique (par exemple, serrer le bras) ou aux châtiments corporels. 

Il faudra plutôt cultiver les attitudes suivantes :

  • anticiper les problèmes pour les prévenir au lieu de réagir aux situations, 
  • être constant dans ses demandes, 
  • appliquer les conséquences choisies le moment venu et demeurer calme dans les moments difficiles. 

Il est important que les parents mettent eux-mêmes en pratique les stratégies pour mieux tolérer les frustrations, car ils sont des modèles pour leurs enfants.

Comment apprendre à l’enfant à mieux tolérer les frustrations et à gérer sa colère

Evaluer si l’enfant présente des problèmes de gestion de la frustration et de la colère et s’il est prêt à apprendre à les gérer

Si l’enfant ne parvient pas à gérer ses frustrations et sa colère, uniquement lorsqu’il interagit avec ses parents ou d’autres membres de sa famille, il peut s’agir d’un autre sujet que la maitrise de soi. 

Il se peut que ce soit lié davantage à un problème de désobéissance ou à un conflit familial non résolu. Si le problème est lié à la désobéissance, il faudra vérifier les consignes données et le suivi qui en est fait ainsi que les conséquences données à la suite des comportements appropriés ou inappropriés et si celles-ci satisfont aux conditions d’efficacité. 

En revanche, si le problème semble plutôt lié à un conflit non résolu, il faudra recourir au processus de résolution pacifique de conflit, à la médiation ou au conseil de famille.

Si l’enfant éprouve des difficultés à tolérer toute frustration ou s’il fait des accès de colère qui semblent non proportionnées à la situation et qui se produisent dans différents milieux (maison, école, voisinage, etc.), les différentes stratégies proposées ci-après permettront de l’aider à mieux gérer ses frustrations et sa colère. 

Il ne s’agit pas d’interdire à l’enfant de ressentir de la frustration ou de la colère ou de l’inciter  à nier ces émotions, car elles ne disparaitront pas pour autant et risquent d’exploser à un moment ou à un autre. 

Il s’agit  plutôt d’apprendre à les gérer : d’autant plus que toutes les émotions sont légitimes. C’est la façon dont on les exprime qui importe. L’idée est d’amener l’enfant à déterminer les éléments déclencheurs de ses frustrations ou de sa colère, à en reconnaitre au plus tôt les signes précurseurs, à évaluer leur intensité et à appliquer des moyens de désamorcer « la bombe » avant qu’elle n’explose ou à lui apprendre à se calmer. 

Certaines stratégies proposées ci-après ne conviendront pas aux enfants de moins de huit ans, car  ils n’utilisent pas encore suffisamment leur langage intérieur pour contrôler leurs comportements. Avec ces enfants, le parent pourra se concentrer sur la reconnaissance des signaux de frustration et de colère, sur l’expression verbale de ces émotions ainsi que sur l’enseignement de moyens simples pour se relaxer.

Définir avec l’enfant ce que sont la frustration et la colère

Bien des enfants n’ont pas une vision claire de ce que sont la frustration et la colère. Pour être en mesure de maitriser ces émotions, il importe d’en comprendre la nature. 

A un moment où l’enfant est calme, le parent peut discuter avec lui de ce que sont la frustration et la colère. Le parent peut aider l’enfant à comprendre que la colère est sans doute parmi les émotions les plus désagréables à ressentir. 

C’est une émotion négative, une sensation de déplaisir ou d’inconfort qui survient lorsqu’on perçoit qu’une situation ne correspond pas à ce qu’on aimerait ou désirerait (ou que les choses ne vont pas comme on le désire). 

Ainsi la colère nait d’une frustration ressentie. La colère peut varier en intensité : on peut se sentir irrité ou frustré (degré léger), furieux (degré modéré), ou enragé (degré sévère). 

Pour illustrer les différents degrés d’intensité de la colère, le parent peut utiliser  le thermomètre de la colère. Tout le monde ressent de la colère à un moment ou à un autre, mais c’est la façon dont elle est gérée qui détermine si c’est problématique ou non.

Aider l’enfant à reconnaitre les signaux de frustration et de colère et les facteurs qui déclenchent ces émotions

Pour gérer notre colère, il faut d’abord reconnaitre que nous sommes en colère. Il existe trois types de signaux :

  • les signaux corporels, 
  • les signaux liés aux pensées 
  • et les signaux liés aux actions (comportements).

Le parent doit amener l’enfant à reconnaitre ses propres signaux de colère et ce qui déclenche ces accès de colère. Si l’enfant éprouve des difficultés à reconnaitre ses propres signaux de colère, le parent peut l’inciter à se rappeler une situation où il a ressenti de la colère dernièrement ou encore lui mimer des expressions de colère qu’il observe souvent chez lui. Le parent peut aussi servir de modèle et refléter ses propres signaux de frustration à l’aide d’un exemple.

Les signaux corporels

Selon Kostolany, différents messages non verbaux (mouvements, attitudes, gestes, postures), expressions faciales, paralangage (son de la voix, ampleur, silence, etc.) sont liés à l’expression de la colère. 

Celle-ci se manifeste surtout dans certaines parties du visage : lèvres serrées, ailes du nez et lèvre supérieure haussées, arête du nez plissée, front plissée verticalement qui se creuse de rides profondes autour des sourcils, dents serrées, visage tendu vers l’avant, haussement des paupières accompagné de la contraction des muscles oculaires. Le visage peut également rougir, car le sang circule davantage dans le visage lors d’une émotion forte.

Les mains démontrent de l’agressivité (poings serrés ou geste de poings). Si la personne est debout, ses pieds sont souvent écartés, l’un précédant l’autre : c’est une posture d’attaque, de provocation, qui affirme l’arrogance et la combativité. Les muscles sont tendus. On peut ressentir un nœud à l’estomac ou une boule dans le ventre. 

Le rythme cardiaque augmente ; la respiration se fait plus rapide. La transpiration et les sueurs peuvent aussi être abondantes. On peut ressentir une grande chaleur dans son corps ou une bouffée d’énergie qui pousse à l’action. Le champ de vision peut se brouiller (comme si on ne voyait que ce qui nous met en colère et qu’on oubliait le reste). On peut aussi ne plus bien entendre ce qui se passe autour de soi (par exemple, les personnes qui essaient de nous calmer).

Les signaux liés aux pensées

Il arrive que ce Que l’enfant pense ou se dit dans sa tête augmente la colère ressentie ou même la déclenche. En voici quelques exemples : « Tout le monde est toujours sur mon dos », « Je suis nul », « Je déteste faire ça », « Je le déteste », « C’est toujours de ma faute », « Il m’écœure », « Je vais le frapper », « Elle le fait exprès », « Qu’il est stupide !».

Les signaux liés aux actions

Différentes actions (comportements) sont associées à l’expression de la colère ou des frustrations intenses, notamment : parler très fort, pleurer, ne pas tenir en place, trembler, courir, se retirer ou s’éloigner, se taire, frapper ou taper, donner un coup de pied, mordre, donner une claque, pousser, tirer sur le bras, ou sur les vêtements de quelqu’un, faire un croc-en-jambe, faire tomber quelqu’un, lancer quelque chose sur quelqu’un, cracher sur quelqu’un, crier, lancer les biens de quelqu’un, briser ou détruire ses propres affaires ou celles d’autrui, agir contre l’environnement physique (par exemple : faire du vandalisme, frapper sur une chaise, un bureau ou un mur, lancer des choses), faire des gestes de menace, intimider, insulter, bouder, crier des noms, faire des reproches violents (« engueuler ») faire des commentaires sarcastiques, claquer la porte, déchirer son travail, jouer l’indifférent, refouler, etc.

 

Modeler la maitrise de soi

Le parent peut donner l’exemple en étant un modèle pour l’enfant, en démontrant une certaine maitrise de soi dans certaines situations frustrantes (par exemple, dans une file d’attente, ne pas s’impatienter en disant que ça prend beaucoup trop de temps) et en évitant d’adopter des comportements agressifs lorsqu’il réagit à certaines situations frustrantes ou lorsqu’il interagit avec l’enfant (crier contre lui, le punir physiquement, etc.). L’exemplarité du parent s’incarne dans les neurones miroirs de l’enfant qui peut alors l’imiter !

Il s’agit d’aider l’enfant à accepter les frustrations inévitables de la vie…

Personne n’aime les contraintes et les frustrations quotidiennes. L’enfant doit apprendre l’équilibre nécessaire entre la réalité et le plaisir. Le parent doit l’aider à comprendre que la vie apporte son lot de frustrations et qu’il faut accepter certaines frustrations ou certains désagréments maintenant pour pouvoir réaliser certains rêves ou projets (donner à l’enfant des exemples dans un domaine qui l’intéresse, par exemple les entrainements obligatoires pour devenir un bon joueur d’échecs). 

Il faut être réaliste et voir que toute situation apporte une part de plaisir et une part de frustration (par exemple, avoir un chien est un plaisir, mais cela implique qu’on le promène régulièrement, qu’on l’emmène chez le vétérinaire, qu’on le brosse, etc.). 

Il s’agit de montrer à l’enfant plutôt que de refuser une contrainte ou de contourner une frustration (par exemple, en remettant à plus tard la réalisation d’une tâche déplaisante) risque d’augmenter la frustration liée à la situation (par exemple, parce qu’il sera trop fatigué pour la réaliser et que cela prendra plus de temps) ou occasionner des problèmes (par exemple, négliger de faire ses devoirs de math peut l’amener à échouer et à être obligé de reprendre son cours). 

Pour discuter de l’importance d’apprendre à tolérer les frustrations inévitables de la vie et d’être patient, les parents peuvent aussi lire le livre Max et Lili veulent tout, tout de suite !

Montrer à l’enfant à exprimer verbalement ses frustrations et sa colère

 Beaucoup d’enfants ayant un TDAH éprouvent des difficultés à gérer leurs émotions ; celles-ci sont ressenties ou exprimées plus intensément que pour les autres enfants. 

Lorsque l’enfant est en proie à des émotions intenses, surtout lorsque celles-ci sont liées à la frustration, il peut faire des commentaires négatifs sans penser aux conséquences sociales qui y sont associées ou passer directement à l’action en s’engageant dans une escalade d’agressivité. 

L’expression correcte de ses émotions devient un point important à travailler. Il faut d’abord discuter avec l’enfant de la façon dont il exprime ses émotions de façon indirecte et agressive (crier des noms, accuser, insulter, questionner, ironiser, etc.), forme du discours qui sera improductive, c’est-à-dire qui n’aide pas à régler la situation frustrante ou qui nuit à la relation avec l’autre personne impliquée. 

Ensuite, on doit montrer à l’enfant comment exprimer sa colère de façon plus appropriée. Il est difficile d’exprimer ses émotions clairement, de façon non ambigüe tout en ne blessant pas les autres. On craint de se faire rejeter ou de faire rire de soi. Bien exprimer ses émotions est l’aspect le plus difficile des relations interpersonnelles. On suggère de montrer à l’enfant comment utiliser le message JE pour exprimer ses émotions, surtout celles qui sont liées à la colère.

Comment exprimer ses émotions à l’aide du message JE

Quand...
Je décris la situation ou le contexte qui provoque ma colère.
(« Quand nous travaillons en équipe… »)

Je me sens...
Je nomme l’émotion vécue ou je décris comment je me sens en utilisant le « je ».
(« Je suis frustrée. »)

Parce que...
J’explique pourquoi je me sens ainsi.
(« … parce que mes idées ne sont pas choisies. »)

 

J'aimerais...
Je précise ce que je souhaiterais pour me sentir bien.
(« J’aimerais qu’au moins une de mes idées soit retenue. »)
   

« A la fin de la journée, je me sens plus irritable, parce que je suis fatiguée. J’ai besoin qu’on me laisse tranquille pendant 5 minutes. »

 

Enseigner à l’enfant des moyens de se calmer ou de diminuer les tensions liées à la colère

  • La respiration profonde : Quand les signaux internes de la colère sont présents, prendre quelques bonnes respirations profondes peut aider à se calmer et à diminuer les tensions physiques liées à la colère. L’idée de base est d’inspirer et d’expirer très lentement. Pour aider l’enfant à inspirer lentement par le nez, on peut l’inviter à inspirer en comptant dans sa tête (1-2-3-4), puis à expirer en faisant le décompte dans sa tête (4-3-2-1).
     
  • Le compte à rebours : Il s’agit de compter à l’envers de 20 à 1. Le décompte doit se faire en silence à un rythme lent, idéalement en se détournant de la personne qui provoque la colère. Compter ainsi peut donner à l’enfant le temps de se calmer à une bonne façon de réagir à la situation frustrante. Le décompte l’empêche également d’avoir des pensées qui pourraient nourrir sa colère.
     
  • L’exercice physique intense : Faire de l’exercice physique intense comme la course, la natation, le karaté, le hockey ou la bicyclette peut aider à libérer de l’énergie et réduire les tensions liées à la colère.
     
  • L’expression de sa colère en privé : Exprimer sa colère, seul, dans un endroit isolé ou retiré (dans sa chambre, dans un parc, dans le bois, etc.) permet de réduire les tensions physiques et la colère ressentie. L’enfant peut exprimer sa colère de différentes façons : en dessinant, en pleurant, en écrivant, en criant, en grognant, en serrant une balle de tension, etc.
     
  • Le retrait pour retrouver son calme : Prévoir avec l’enfant différents endroits où il pourra se retirer pour retrouver son calme (se coucher la tête sur la table, s’asseoir seul au salon dans le fauteuil le plus confortable, travailler dans un coin calme, aller se reposer dans chambre, etc.).
     
  • La technique de la tortue : Quand l’enfant est très énervé et qu’il a de la difficulté à se calmer, on peut l’inviter à s’installer confortablement la tête entre les bras sur une table ou un bureau. Il doit fermer les yeux et les garder fermés le plus longtemps possible (une ou deux minutes seulement au début, au plus trois minutes par la suite). Ce petit temps d’arrêt est souvent suffisant pour qu’il reprenne son calme.
     
  • L’imagerie positive (ou penser à autre chose) : Pour réduire les tensions liées à la colère, l’imagerie positive peut aussi avoir des effets bénéfiques. Il s’agit pour l’enfant d’imaginer un endroit où il se sent bien (dans un bon bain chaud, près du foyer, etc.) ou une scène apaisante (être avec des personnes qu’il aime par exemple) lorsqu’il ressent de la colère. Penser à cette image peut l’aider à retrouver son calme et à se couper des pensées qui nourrissent sa colère. On peut amener l’enfant à se constituer une image mentale qui l’aidera à se contrôler (par exemple, l’image d’un canard sur lequel l’eau coule sans le déranger).
     
  • Le thermomètre de la colère : Il s’agit de proposer à l’enfant d’utiliser un thermomètre imaginaire de la colère pour prendre son degré de colère sur une échelle de 0 à 10. Lorsque celui-ci est très élevé (de 6 à 9), l’enfant peut essayer de le diminuer d’au moins 2 degrés pour éviter d’exploser en ayant recours aux moyens mentionnés précédemment pour se calmer et réduire les tensions. De 3 à 5, l’enfant peut avertir les personnes qui l’accompagnent de ce qu’il ressent et de ce qu’elles devraient faire pour que sa colère n’augmente pas. Le parent peut aussi demander à l’enfant son degré de colère sur le thermomètre afin de bien comprendre son état émotif. Encore une fois, le parent peut modeler cette stratégie en l’utilisant pour lui-même.

Enseigner à l’enfant comment utiliser les auto-instructions pour se maitriser lorsqu’il ressent de la colère

Enseigner à l’enfant comment utiliser les auto-instructions consiste à l’amener à utiliser son langage intérieur :

  • pour se préparer à affronter une situation frustrante prévisible (par exemple, il doit prendre l’autobus et il sait qu’il va se faire taquiner par un autre élève), 
  • dans le but de se calmer lorsqu’il ressent de la colère ou de mieux réagir à la situation. 

Cette technique peut être utilisée pour guider les comportements et pour inhiber les réactions impulsives ou agressives de l’enfant avant, pendant et après les situations provocatrices  (l’auto-instruction sert alors de frein intérieur). 

Les auto-instructions utilisées pour la gestion de la colère ne doivent pas attirer l’attention de l’enfant sur des indices hostiles (par exemple : « Je ne vais pas répondre à ses insultes »).

Ci-dessous des exemples d’auto-instructions qui pourraient être par l’enfant selon l’objectif.

Le but principal est d’amener l’enfant  à intérioriser le contenu des auto-instructions de façon à être capable de les utiliser pour se calmer et pour gérer sa colère. 

Pour aider l’enfant à comprendre l’utilité des auto-instructions, le parent peut utiliser la métaphore du frein dans une voiture. Pourquoi y a-t-il un frein dans une voiture ? (« Pour s’arrêter », « Pour ralentir », « Pour éviter un accident », etc.) Qu’est-ce qui se passerait s’il n’y avait pas de frein ? (« On pourrait toujours aller vite », « On ne pourrait pas s’arrêter à temps », « On pourrait avoir un accident », etc.) Qu’est-ce qui se passerait si une personne n’utilisait que sa pédale d’accélérateur ? (« On pourrait  ralentir en cessant d’appuyer sur la pédale d’accélérateur, mais ce ne serait pas aussi efficace pour arrêter la voiture », par exemple.) 

Par la suite, il peut faire le lien avec les humains et lui dire que nous utilisons un frein intérieur pour ralentir, nous calmer ou éviter les accidents. Le parent peut aussi jouer une situation où il utilise des auto-instructions non-aidantes (par exemple, en réparant un objet, il crie, jure et dit qu’il n’en viendra jamais à bout) et par la suite en reprenant l’opération, mais en utilisant des auto-instructions aidantes (par exemple : « Relaxe-toi, calme-toi », « Tu vas y arriver », « Tu en es capable »). Par la suite, le parent fait observer à l’enfant les différences  entre les deux situations et lui explique pourquoi la deuxième façon de faire est plus aidante.

Une fois que l’enfant comprend le but des auto-instructions, le parent l’aide à déterminer dans quelle situation problématique il serait approprié d’utiliser des auto-instructions pour gérer sa colère. 

En pensant à cette situation, le parent invite l’enfant à trouver au moins une auto-instruction qu’il pourrait se dire dans sa tête pour se préparer à affronter cette situation difficile, une autre pour se calmer et une autre pour réagir correctement à la situation. 

Le parent peut démontrer à l’enfant comment les utiliser en faisant des jeux de rôles. Il invite l’enfant à utiliser les auto-instructions à voix haute, puis à les chuchoter pour finalement les dire dans sa tête. Quand l’occasion se présente, il rappelle à l’enfant d’utiliser les auto-instructions.

Céline Lemesle, Psychologue Clinicienne

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