Caca dans le slip à 4ans

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amandine63
Caca dans le slip à 4ans

Bonjour, mon fils de 4 ans refait caca dans son slip depuis une semaine et il n'est toujours pas propre la nuit. pour la nuit, à la rigueur, j'en passe mais deux slips dans une journée a cause du caca à la culotte c'en est assez !! il ne veut pas me parler , me dire s'il y a quelque chose que le tracasse à l'école ou à la maison. J'ai tout essayer, lui dire que ce n'est pas grave, qu'il ne le refera pas, le gronder, le punir mais je sais plus quoi faire. son ancienne nounou, notre voisine est décédée il y a deux mois des suites d'une longue maladie, il sait qu'elle est partie au ciel et veut prendre l'avion pour aller la chercher. Il n'a pas compris qu'il ne la verra plus je pense mais il n'en parle plus du tout. comment savoir si ce problème vient de ce décès sachant que moi même je suis très triste depuis, Est-ce qu'il l'a senti même si j'ai toujours fait en sorte de ne pas pleurer devant lui même si c'est dure. Faut-il l'emmener chez un pédopsychiatre pour qu'il se confie sur ce qui ne va pas ?

celine-lemesle
Bonjour madame

Je pense que vous avez très bien ciblé le problème de fond.
On ne parle pas d'encoprésie avant cinq ans.
Votre fils semble en effet manifester sa colère, sa tristesse et son chagrin à travers ce comportement.

Car la déprime du jeune enfant ne s'élabore pas par les mots (comme les adultes) et se manifeste par les attitudes. Le jeune enfant n'a pas la capacité pour l'exprimer de façon aussi cérébrale.

Lui poser la question de ce qui ne va pas est une très bonne démarche mais souvent elle s'avère peu couronnée de succès. Car l'enfant ne sait pas exprimer le motif de son désarroi.

A quatre ans, les solutions doivent être concrètes face à un problème donné.
Parler de la mort d'un être cher par métaphore (aller au ciel) ne veut rien dire pour lui, si ce n'est que sa nounou est dans les nuages au sens concret du terme. Voilà pourquoi il voudrait prendre l'avion pour la retrouver.

Votre fils n'aura accès au sens symbolique de la mort que vers 10-12 ans.

C'est pourquoi il faut être pragmatique dans vos explications sur le sujet pour qu'il puisse exprimer correctement son deuil.

Il faut parler de la mort, dire ce mot, et dire aussi que cela signifie que l'on ne verra plus jamais la personne, qu'elle ne reviendra pas pour son anniversaire, qu'on ne pourra plus lui téléphonner. Car c'est le cycle de la vie!

Il faut également lui parler de vos émotions, de votre tristesse, vous pourrez pleurer aussi avec lui, car il pourra ainsi se représenter qu'il n'est pas le seul à avoir du chagrin et quand on a beaucoup aimé quelqu'un, que l'on soit petit ou grand, c'est normal d'être malheureux, et cela signifie que cette personne a beaucoup compté. C'est une marque de respect et d'amour qui lui est adressé en quelque sorte.

Il existe beaucoup de petits livres sur le sujet.
Je vous conseille : les questions des touts petits sur la mort, bon papa (très drôle et tendre) et nos petits enterrements, ou encore de Catherine Dolto le livre sur la mort.

Parfois, un support ludique permet au parent d'être bien aidé pour dire ce qui est douloureux et à l'enfant de répondre aux questions qu'il se pose.

Il sera également intéressant de réfléchir à la mise en place d'une cérémonie, d'un lieu de recueillement auprès duquel votre fils pourra mieux se représenter où le corps de sa nounou repose (pas dans les nuages) mais précisément dans un cimetière. Il pourra lui faire un dessin, dire quelques mots ou chanter une chanson. Lui apporter une fleur... comme il préfère. Autant de rituels nécessaires à la compréhension de ce qui est si injuste et douloureux.

Ces rituels lui permettront à vous comme à lui de faire votre deuil. Si une tombe physique n'est pas accessible, il existe le carré du souvenir au Père Lachaise à Paris par exemple, ou bien choisissez un lieu qui vous rappelle des souvenirs positifs avec elle (un jardin..).

Parler de la mort, c'est la désacraliser et la rendre plus acceptable. Les rituels servent à accompagner la peine.

Il est probable qu'en perdant sa nounou, il s'interroge sur la mortalité de sa maman, son papa... Et que cette pensée l'effraye beaucoup, laissez le venir sur le sujet et répondez lui à ce sujet que vous serez avec lui tout le temps où il aura besoin de vous. Que les personnes meurent souvent lorsqu'elles sont très vieilles et que lui aura bien grandi.

Ce n'est pas tout à fait juste comme réponse mais cela n'est pas plus aberrant que de faire croire au Père Noël :-) de mon point de vue.

La réalité c'est que personne ne sait quand on va mourir et c'est mieux ainsi, et il n'y a pas de raison de mourir prématurément. Donc partons du principe que les enfants garderont leurs parents très longtemps encore !

Bonne continuation

Céline Lemesle, Psychologue

amandine63
Je l'ai emmené sur la tombe à la toussaint en lui disant que c'est là qu'on vient lui déposer un cadeau et elle le verra mais je trouve ca trop brute de lui dire qu'elle est là "fermée sous le ciment". En faite, j'ai eu du mal à accepter la perte de mon grand père quand j'avais 14ans, je crois que j'en suis encore traumatisée et je suis bloquée pour lui expliquer mais je vais suivre vos conseils et tenter de l'aborder avec des livres. J'ai peur que s'il me voit pleurer qu'il soit encore plus perturbé et tracassé, j'ai peur de ne pas savoir répondre à plusieurs questions. comment aborder la mort de sa nounou qui avait tout juste 58ans en disant qu'elle était vieille.... Pensez-vous que de l'emmener avec son père et moi voir un psychiatre ne serait pas mieux ? il se confierait peut etre mieux et le psychiatre trouvait mieux les mots que moi !!enfin je ne sais pas !!
celine-lemesle
Consulter le pédopsychiatre, sera une aide précieuse pour vous plus que pour votre enfant car il vous soutiendra dans le récit de cette situation. Les enfants ne vivent pas les choses de la même façon et vous parlez davantage de votre chagrin passé.

Je crois qu'il est en effet important de faire la part entre ce qui appartient à vos souvenirs douloureux et ce que ressent aujourd'hui votre fils.

Bien à vous.

Céline Lemesle, Psychologue