La naissance « psychique » de l'enfant et les enjeux pour son devenir

Naissance psychiqueUn enfant commence à vivre, dans la tête des futurs parents, bien avant l'accouchement et parfois même avant la conception du fœtus. Ces représentations du père et de la mère sont plus actives encore durant la grossesse : « à qui va-t-il ressembler, aura-t-il mes yeux, tes cheveux, ton caractère ? » Des attributions identitaires vont se construire progressivement dans le fantasme parental : la mère souhaitera, au regard de sa propre histoire d'enfant, plutôt un garçon ou une fille. Le père s'imaginera pouvoir faire telle ou telle activité... 

La composition de la famille (désir du nombre d'enfant) s'établit également à travers l'histoire personnelle : « j'aurai deux enfants car j'étais fille unique et cela ne m'a pas plu », ou au contraire « je n'aurai qu'un seul enfant car issu d'une famille nombreuse je ne trouvais pas ma place et j'en ai beaucoup souffert »... 

Les femmes à l'aube de leur première grossesse ne portent pas de préférence significative pour le sexe de leur premier enfant. En revanche, pour le ou les enfants suivants, les mères souhaitent une mixité, c'est-à-dire avoir un garçon, si elles ont déjà eu une fille et inversement, ceci renvoyant à une dimension sociale et culturelle commune : la famille se composant au départ d'un homme et d'une femme. 

Au décours de la grossesse, les désirs conscients, mais le plus souvent inconscients se projettent sur l'enfant en devenir : « elle sera infirmière comme sa mère si c'est une fille, ou bien encore, il sera chanteur car son père n'a jamais pu percer dans le milieu, mais il aura surement les mêmes qualités que lui ». 

L'enfant est investi symboliquement comme étant la continuité (physique et psychique) parentale, alors même qu'il aura, au-delà de son héritage génétique et culturel, une entité physiologique, psychique, somatique qui lui sera propre et belle et bien distincte de ses deux géniteurs. De nombreux proverbes évoquent cette transmission intergénérationnelle : 

  • proverbe arabe : « Ce que tu as enterré dans ton jardin ressortira dans celui de ton fils ».
  • phrase de Goethe, reprise par Freud: « Ce que tu as hérité de tes pères, afin de le posséder, gagne-le ».

Avant que l'enfant naisse, tous les espoirs fantasmatiques s'entrechoquent et parfois même, il demeure difficile pour certains parents de renoncer à la poursuite de leurs rêves à travers cet enfant, conduisant dès lors le nouveau-né à s'inscrire dans cette prolongation parentale, pouvant, si elle perdure longuement, devenir néfaste pour le statut et le développement identitaire du petit d'homme. 

Si ces mécanismes psychologiques apparaissent de façon ordinaire la plupart du temps durant la grossesse et perdurent plusieurs mois après la naissance du bébé, c'est probablement pour inscrire l'enfant dans cette identité familiale. Ces projections de soi sur le bébé sont indispensables au début de sa vie du nourrisson en ce sens qu'elles favorisent l'identification de l'un (parent) à l'autre (le nouveau-né); permettant au parent de penser que ce bébé finalement « il est un peu comme moi ». Mais déjà être « un peu comme moi, ce n'est pas être tout à fait moi ! » et cette possibilité à se distinguer permettra dans le futur à ce petit enfant de devenir une personne à part entière. Car finalement, aider l'enfant à s'individuer, à s'autonomiser au monde implique : 

  • la capacité pour ses parents de lui reconnaitre son existence et ses choix propres, 
  • à repenser à leur propre histoire familiale, 
  • et à accepter leurs propres frustrations. 

L'enfant, quant à lui, évoluera vers son chemin, ses propres choix et devra expérimenter sa vie afin qu'elle devienne sienne... 

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Céline BIDON-LEMESLE
Psychologue Clinicienne, Thérapeute Familiale, Formatrice