Le bilinguisme, toutes les réponses aux questions que vous vous posez

Faq : Questions / réponses sur le bilinguisme

Bilingue

Le bilinguisme peut-il causer un retard de langage ?

Partout dans le monde, les enfants apprennent à parler deux langues simultanément, et au même rythme que les autres (babillage entre 6 et 9 mois, premiers mots entre 12 et 18 mois, vocabulaire exponentiel entre 18 et 24 mois…). 

L’idée d’un retard potentiel d’apprentissage est fondé sur la croyance selon laquelle l’apprentissage des données serait stockée via un espace limité au niveau du cerveau, et dès lors à chaque espace sa langue. 

Or l’apprentissage d’une langue rend exponentielle la seconde, la suivante d’autant plus.. Elle libère le stock lexical et rend plus fluide l’apprentissage de l’enfant, qui devenu bilingue aura plus de mots à son actif dans toutes les langues parlées, si le bilinguisme est soutenu dans la cadre éducatif.

Il existe dans certains cas, une attrition de la langue maternelle, lorsque les parents migrants décident d’abandonner leur langue maternelle au profit de celle du pays d’accueil. L’enfant peut alors aller jusqu’à oublier les rudiments de sa langue primaire au profit de sa langue minoritaire. 

Or, les études montrent que le soutien de la langue primaire permet de développer d’autant mieux la seconde langue. Les enfants établissent ainsi un rapport à leur culture d’origine plus positive et s’ouvrent au monde avec bienveillance et intérêt. 

La question des racines est primordiale pour s’élever à une nouvelle langue et révèle de meilleurs résultats scolaires globaux si la langue maternelle est préservée et valorisée autant que la seconde.

Notons enfin que les enfants bilingues peuvent mettre parfois plus de temps avant de se lancer dans la langue orale pour éviter de se tromper et cherchent à maitriser suffisamment le langage pour s’exprimer pleinement et se faire comprendre. 

Dans tous les cas, rappelons que la langue émerge sur la base d’un support culturel et émotionnel, transmis par les référents affectifs et enseignants. Aussi, un enfant bilingue n’a pas plus de risque qu’un enfant monolingue de présenter un retard de langage. 

Est-ce inquiétant si un enfant mélange les deux langues ?

DrapeauxLa plupart des adultes et des enfants utilisent le potentiel langagier qu’ils ont en stock. Lorsque le code switching (ou alternance des codes) est usité, c’est pour mieux compléter et renforcer la langue minoritaire. Il s’agit là d’une stratégie pertinente visant à mieux se faire comprendre de son auditoire et à renforcer la communication. 

Certains enfants, pour ces mêmes raisons, se sentent incapables de communiquer efficacement sans basculer de façon systématique d’une langue à l’autre (semilinguisme), ceci ne signifie pas pour autant qu’ils présentent de difficultés langagières. Ils utilisent tout simplement l’ensemble de leurs ressources langagières, pour se laisser le temps de mieux intégrer la langue dans son ensemble. Cette alternance des codes dépend également du contexte, du sujet, du but de la conversation et de l’interlocuteur. 

Les enfants ont moins tendance à alterner les deux langues lorsqu’ils savent ou pensent que leur interlocuteur ne parle qu’une seule langue !

Voici quelques points de repères permettant de faire la différence entre un enfant qui est confus et un enfant en situation d’acquisition bilingue : 

  • Un enfant alterne avec l’autre langue pour compenser le mot manquant, ce qui lui permet de s’exprimer plutôt que d’y renoncer ! 
  • Un enfant qui alterne imite son environnement, bien souvent son entourage en fait de même. 
  • Les études montrent que les enfants (non confus) ne desservent pas la structure de la langue lorsqu’ils utilisent le code switching. Les règles fondamentales de la structure et grammaticales de chaque langue étant bien intégrées, elles ne sauraient être bousculées au détriment de l’autre. L’ordre des mots reste adéquat dans les deux langues. 

Faut-il être doué pour apprendre deux langues en même temps ?

Il est plus commun d’être multilingue que monolingue dans le monde, rappelons-le ! Bien que le QI et les capacités phonologiques soient effectivement impliqués dans l’apprentissage de plusieurs langues, les études montrent que les enfants présentant des déficiences intellectuelles, TSA (Trouble du Spectre Autistique), TDA-H (Trouble Déficitaire de l’Attention avec ou sans Hyperactivité) et DYS-harmoniques (dyspraxie, dysphasie, dyscalculie…)… peuvent tout à fait répondre de ces mêmes critères. 

Le stock lexical sera probablement moins étendu et le raisonnement moins fluide, mais la compétence en matière de bilinguisme ne répondant pas uniquement de critères cognitifs, cela demeure tout à fait accessible aux personnes porteuses de particularités/fragilités cognitives, de handicaps ou de retards intellectuels. 

Comment se comporte un enfant bilingue ou en apprentissage d’une nouvelle langue ?

Deux enfantsTous les enfants passent par les mêmes stades développementaux qu’ils soient bilingues, plurilingues ou unilingues : babillage vers 6 mois, premier mot et « mot phrase » vers 12 mois, intensification majeure du lexique à partir de 18 mois et construction grammaticale qui débute vers deux ans. 

Il existe toujours des différences interindividuelles et en fonction de la langue et de sa construction intrinsèque, une chronologie singulière, un rythme propre de son apprentissage. 

L’une des règles fondamentale pour tous les chercheurs en matière linguistique établit que l’enfant ne peut accéder à un stade de développement supérieur de la langue secondairement apprise avant d’accéder à celui de sa langue maternelle. La partition originelle de la langue doit être déchiffrée pour accéder au code de la suivante.

Le lexique sera quant à lui moins dense dans chacune des langues, l’enfant partageant le bilinguisme, hormis si la famille valorise considérablement les deux langues : dans ce cas, la production et l’accès au lexique deviendra exponentielle dans les deux langues et très supérieure à la moyenne des enfants unilingues. 

Lorsqu’un enfant acquiert une seconde langue précocement, en maternelle, il existe des périodes de mutisme correspondant au fait que le jeune enfant comprend bien vite qu’il n’est pas compris des adultes s’exprimant dans une autre langue que la sienne. Il aura alors tendance dans un premier temps à adopter un code langagier plus universel en se servant des mimiques faciales et des gestes. Cette étape de silence peut durer 6 ou 7 mois, il n’y a pas lieu de s’en inquiéter. Dans cette attitude semblant passive, l’enfant, tout au contraire, observe attentivement, écoute, décortique la langue pour mieux la maitriser. Si l’enfant a cessé de parler il ne s’est pas arrêté pour autant de communiquer. 

Il est à ce sujet important de respecter le rythme de l’enfant et son besoin de temps pour appréhender les sons et les codes de cette langue qu’il méconnait. Si votre enfant maitrise déjà bien le langage de sa langue maternelle, cela confirme cette latence et la nécessité de la respecter. Evitez de mettre la pression pour qu’il s’exprime et de le stigmatiser, cela pourrait générer en lui un manque de confiance en lui. 

De la même façon, il est plus aisé pour l’enfant de s’approprier le code d’une seconde langue avant l’entrée en phase de latence (8-12 ans), période durant laquelle la conscientisation de soi, des autres, des devoirs et  interdits bat son plein. Il est habituel pour un enfant en phase de latence, très bon lecteur dans sa langue maternelle, d’appréhender avec difficulté et frein la lecture de la langue secondaire. Les repères sont mis à mal et la fluidité et rapidité relayées au rang d’un apprentissage pas à pas et plus laborieux

 Commencez par des BD, des petits romans que l’enfant a déjà lu dans sa langue natale, qu’il affectionne, pour lui fournir quelques repères, et proposez-lui des stages immersifs régulièrement : c’est encore dans ce contexte « écologique » (vie pratique) que l’enfant apprendra le mieux.

Age propice pour entrer dans le bilinguisme ...  

Il n’y a pas d’âge pour devenir très compétent dans une autre langue ! Les études sur le cerveau ne montrent pas de différence notable entre les enfants qui ont appris très jeunes, les plus âgés ou adultes qui ont appris après la période dite « critique » de la puberté. 

Ce n’est pas tant notre cerveau qui nous empêcherait à tout âge de devenir bilingue mais plutôt nos peurs, notre manque de motivation et toutes les résistances liées à la culture qui entoure la langue. 

Ce sera sans doute plus laborieux pour un adulte et lui demandera plus d’effort que pour un nourrisson baigné dès sa naissance dans le plurilinguisme, dont le cerveau est programmé pour retenir tous les phonèmes du monde entre 6 et 12 mois. 

Avant 3 ou 4 ans, les enfants apprennent naturellement sans véritable conscience ni effort lié à cet apprentissage. Aussi, mieux vaut exposer le jeune enfant à la langue minoritaire, ne serait-ce que pour qu’il acquiert un sentiment d’appartenance identitaire vis-à-vis de la langue. 

De la même façon, les enfants qui ont appris à lire dans leur langue majoritaire (maternelle) apprendront plus facilement à lire la seconde langue minoritaire. Ceux qui restent exposés à leur langue majoritaire durant leur scolarisation auront également de meilleurs rendements scolaires. 

Entre 5 et 12 ans, le bilinguisme sera également plus aisé mais l’accent de la langue maternelle perdurera le plus souvent sur la seconde langue. Il arrive que l’accent soit très proche des natifs, mais pour ce faire, il convient de placer l’enfant en immersion et de façon répétée dans l’environnement de la seconde langue. 

De même, les enfants qui apprennent la seconde langue en classe de primaire auront une meilleure conscience de son intérêt et pourront davantage se mobiliser pour y travailler. 

Il est également important de noter que pour bien s’exprimer dans la langue minoritaire, un enfant doit y être exposé environ 30%. Pour obtenir une capacité d’expression équivalente à la langue maternelle, l’exposition devra être de 50%. 

Au total, ne désespérez pas si vous souhaitez apprendre une nouvelle langue à l’âge adulte, tout est possible pourvu que la motivation vous accompagne Le seul aspect bénéfique de l’apprentissage d’une langue précoce est la prononciation ! 

Bien apprendre deux langues simultanément : à quelles conditions ?

D’autres études montrent qu’il est possible d’apprendre à lire et à écrire en même temps dans deux langues dans certains contextes propices : notamment lorsque le bilinguisme et l’interdépendance des deux langues s’inscrit dans le contexte de vie de l’enfant comme au canada par exemple. 

Bien que certains mélanges puissent s’initier au début de l’apprentissage, un transfert des compétences d’une langue à l’autre finit par s’officier et les légères difficultés disparaissent au fur et à mesure des apprentissages. 

Il convient dans tous les cas de s’assurer que l’enfant maitrise bien l’oral, qu’il dispose d’un bagage lexical et structurel de la langue suffisamment opérant ; condition sine qua none pour que l’enfant entre avec facilité et aisance dans le monde de l’écrit. 

Notons également qu’il sera plus aisé pour un enfant d’intégrer le langage écrit de deux langues qui supportent le même alphabet. 

Si les deux langues ne sont pas autant valorisées, il faudra offrir un soutien particulier à l’apprentissage de la langue écrite minoritaire. 

Enfin, rappelons combien il est essentiel, en situation de bilinguisme, de soutenir la langue d’origine durant les premières années de vie de votre enfant, dans le sens où le plaisir partagé autour de la langue maternelle stimulera à terme ses aptitudes langagières, aura un effet positif sur sa réussite scolaire et sur l’émulation générée autour des autres langues apprises au décours de sa vie. 

Entre transparence et opacité de la langue, quelles sont les réelles difficultés ?

Longue vueL’apprentissage de la lecture et de l’écriture en français, langue comportant des « sons muets » et nombres d’exceptions lexicales, une fois acquis, permettra un accès d’autant plus aisé et rapide aux langues dites « transparentes » : langue dans laquelle la correspondance entre graphème (écrit) et phonème (son) est proche, c’est à dire s’écrivant comme elle se prononce. 

De même, l’Allemand, l’Espagnol, l’Italien, le Serbe et le Croate sont considérés comme des langues aux orthographes transparentes. 

A l’inverse, certaines langues sont considérées comme relativement opaques (cf. l’anglais, la correspondance entre graphème et phonème étant très variable), voire très opaques (chinois, japonais..). Le français est considéré relativement transparent, dans le sens de la lecture mais opaque dans le sens de l’écriture.

 

Parent et enfant, quelle langue ?

Il est en effet plus facile de délimiter l’usage de la langue à celui qui en est originaire, dans le contexte, notamment de parents bi-culturels. L’exposition à la double langue, devant être au minimum de 30% et idéalement de 50%, il est toujours important de veiller à ce que ce bain langagier mixte soit possible. La langue s’inscrit dans le vivant, dans la culture, et surtout dans le contexte. 

Une règle simple peut notamment être celle de considérer une langue comme équivalent un contexte. Par exemple, la langue parlée quand je prends mon bain, quand je fais une activité, ou bien encore intérieur/extérieur, une langue pour la garderie et l’école, une autre pour la maison, ou bien encore les histoires du soir avec la langue de papa ou avec la langue de maman… 

Dans tous les cas, les règles doivent être conscientisées et définies pour que l’ajustement et la cohérence des langues s’intègrent facilement dans la vie de tous. 

Du coup, une langue parlée à l’école devrait-elle être suivie à la maison ? Si les parents maitrisent bien la langue scolaire (minoritaire) mais qu’ils ont toujours parlé leur langue majoritaire avec l’enfant, il semble plus propice de poursuivre ainsi afin d’assurer une meilleure cohérence cognitive et émotionnelle pour l’enfant. 

Car s’il est une règle essentielle : la langue secondaire ne doit jamais remplacer la langue maternelle, dans la mesure où la perte de cette dernière desservira nécessairement l’évolution de la seconde. L’enfant se sentirait alors exclu des échanges avec les membres de sa famille et cela pourrait déstabiliser ses repères identitaires et nuire à son développement affectif.

En bref : les clefs d’une éducation bilingue réussie

1- Savoir faire preuve de patience 

Eduquer un enfant dans le bilinguisme demande du temps, de l’investissement et de l’énergie ! Il ne faudra pas moins de 3 à 4 années d’exposition à la langue secondaire pour que l’enfant maitrise le langage oral. En milieu scolaire et au regard de ses contingences académiques, l’enfant aura besoin d’environ 5 à 7 années pour devenir performant. 

Le rythme de chacun est également spécifique, il est parfois plus aisé pour un enfant que pour un autre de se lancer dans plusieurs langues. Il faudra faire preuve de patience et de tolérance, éviter de comparer les enfants les uns aux autres, chacun sa spécificité et domaine de compétence. Dans tous les cas, vos efforts finiront par porter leur fruit.

2- Valoriser la langue originelle

Il s’agit d’adopter une posture positive à l’égard de la langue originelle et de construire des modèles langagiers riches avec l’enfant, afin qu’il puisse s’étayer dessus et ainsi se développer au mieux dans la langue secondaire. Plus l’enfant grandit, plus aura besoin d’être stimulé et motivé pour apprendre la seconde langue, ce qui se traduit par un entourage encourageant et bienveillant à cet égard. Les parents devront fournir des efforts à la hauteur des besoins de l’enfant pour l’aider à se renforcer dans la langue minoritaire à travers plusieurs supports. 

Notons de nouveau que l’apprentissage d’une langue secondaire ne devrait pas prendre le pas sur la langue originelle, car cela peut nuire à l’approche globale du bilinguisme et conduire dans certains cas à l’attrition (perte non pathologique d’une partie ou de la totalité d’une langue chez un bilingue). 

La langue étant étroitement liée aux affects, les enfants qui se sentent dans l’obligation de délaisser leur langue originelle, auront progressivement le sentiment de ne plus avoir le droit de communiquer avec leurs proches en langue maternelle. 

Ainsi, certaines langues minoritaires, chez les populations migrantes, sont délaissées lorsqu’ils viennent vivre en régions urbanisées, de sorte que seulement 5% d’entre eux continueront de parler leur langue originelle (en plus de celle communément admise, comme le français ou l’anglais) à la seconde génération.  

Or, il demeure essentiel que l’enfant développe une base solide dans sa langue maternelle pour apprendre une seconde langue avec confiance et aisance. 

Dans le cas particulier des couples mixtes, la crainte d’exclure le conjoint de la langue parlée exclusivement avec son enfant peut faire vite renoncer à la culture bilingue à la maison. Généralement, le parent parle dans sa langue maternelle seul à seul avec son enfant, ce qui confine généralement à l’échec du bilinguisme. C’est pourquoi il est très important de discuter ensemble et précocement de la façon dont le couple souhaite se positionner en matière de langue vis-à-vis des enfants.

3-Exposer l’enfant de façon suffisamment prolongée et soutenue, oui mais à quelles conditions ? 

Il est nécessaire de proposer un bain de langue suffisant dans les deux langues en multipliant les contacts avec chacune d’entre elles. Idéalement il lui faudrait une exposition équivalente. Dans le cas de parents bilingues, chaque parent devrait lui parler une langue en temps égal. 

Certains parent mettent en œuvre des systèmes forts complexes tels que se restreindre de façon rigide à ne parler que sa langue et l’exiger de l’enfant jusqu’à feindre de ne pas le comprendre s’il n’utilise pas la « bonne langue », ou encore parler telle langue tels jours de la semaine… 

L’expérience clinique montre que ce type de fonctionnement clivé et rigide ne donne pas de bons résultats. Cela devient lourd au quotidien et les enfants peuvent vite se sentir inhibés ou frustrés de ne pouvoir communiquer leurs idées, souhaits et désirs. Or, ce qui est le plus important en matière de langage est le plaisir de partager, de penser ensemble et cet objectif ne devrait jamais être perdu de vue ou supplanté par un autre.

Dans d’autres  contextes familiaux, le nombre de langues parlées étant très important, l’enfant n’a pas le temps nécessaire pour toutes les développer de façon approfondie. Il deviendra la plupart du temps diglossique. Cela signifie que l’enfant utilisera chaque langue dans un contexte spécifique et sa maitrise de chaque langue couvrira seulement le contexte usité et utile pour communiquer. Les langues ne pourront pas s’étendre les unes aux autres comme dans le cas du bilinguisme classique. 

Notons également à ce sujet, si la première langue reste active jusqu’à la puberté, il y a plus de chances qu’elle le reste même après une exposition de plusieurs années à une autre langue. 

Et inversement, un enfant peut aussi oublier sa langue maternelle si une langue secondaire devient dominante avant l’âge de 8 ans, ou tout du moins avant que l’enfant n’ait eu le temps d’apprendre à lire et écrire dans sa langue maternelle (cela se fixe mieux dans son cerveau à cette occasion). 

L’âge, dans ce contexte de prédominance de la langue, joue un rôle clef dans le phénomène de l’attrition (perte non pathologique de la langue originelle).

L’enfant a finalement besoin d’être exposé durant 30% de son temps d’éveil à la seconde langue, à minima de sorte qu’il puisse la parler couramment au bout de quelques années. En dessous de ce seuil, l’enfant sera sensible à la langue, la comprendra mais ne développera pas d’autonomie langagière.

4-Apprendre une seconde langue utile et signifiante

Il est préférable que l’utilisation de la seconde langue ne se limite pas au contexte scolaire ou servant seulement à donner des directives à l’enfant au quotidien, de sorte qu’il en développe une aversion. Cette seconde langue doit aussi être utilisée et développée pour des moments ludiques. Aucune langue ne devrait être pour les câlins et une autre pour les remontrances ! 

5-Stimuler le langage de façon adaptée et quotidienne

Les chercheurs ont montré que les enfants âgés de moins de 7 ans étaient plus réceptifs aux méthodes d’apprentissage indirect (fondées sur les échanges naturels entre pairs dans la cour de récréation), tandis que les enfants à partir de la période de latence (8-12 ans), progressent plus rapidement via des supports plus structurés et conscientisés (méthodes basées sur l’apprentissage du vocabulaire, sur l’explication des règles de grammaire et leur application dans des exercices impliquant la langue maternelle, en tant que support comparatif).

Non seulement il est important que l’enfant soit exposé au moins 30% de son temps global à la seconde langue mais qu’il ait aussi l’opportunité d’en faire usage dans son lien social. Car le simple fait d’exposer un enfant à une langue via l’intermédiaire des films et musiques ne remplacera jamais le lien social et le partage de la langue dans ce contexte. Cela requiert du temps et de multiples immersions pour que ces liens sociétaux à la langue secondaire se tissent harmonieusement. 

Les 10 commandements utiles pour stimuler quotidiennement le langage

Se mettre à hauteur de votre enfant pour communiquer avec lui permet de mieux capter la prononciation et les émotions associées au langage.

Parler plus lentement aidera votre enfant à mieux vous comprendre et à saisir l’intégralité du message. 

Communiquez lui de bons modèles lexicaux en reformulant les messages, en les enrichissant régulièrement, en donnant des explications et définitions de mots sans nécessairement lui faire répéter. Remplacez les « mots valise » (truc, ca, là, chose…) ou « bébéifiant » par un langage correct, précis et structuré. Par l’effet des neurones miroirs, l’enfant répètera avec exactitude vos mots.

Nommez et décrivez vos actions, en ralentissant le débit du langage, notamment lors de moments routiniers et privilégiant le contact dual avec votre enfant (bain, repas, sommeil…)

Faites preuve de flexibilité en reformulant et en développant d’autres modes de communication alternatifs (gestes, mimiques) pour supporter votre message, s’il est mal compris de votre enfant.

Evitez de devancer ses demandes, laissez lui du temps pour formuler ses besoins l’engagera d’autant mieux à s’exprimer. Si nécessaire, faites-lui plusieurs propositions de réponse pour qu’il organise son choix. N’hésitez pas à provoquer des situations nécessitant qu’il s’exprime spontanément.

Lisez-lui régulièrement des livres : encourager le gout des livres et de la lecture au plus jeune âge est le plus cadeau à faire à l’enfant. Il est essentiel de lui montrer très tôt combien ce support écrit apporte avantage et autonomie dans la vie de tous les jours. 

Les contes, quant à eux permettent à l’enfant de se projeter dans des mondes fantastiques, et de s’y associer, de faire se correspondre des sentiments qu’il ressent et de revivre, à travers eux, des situations de vie qui lui ont échappées ou au contraire qu’il a tant aimé. Lire et se faire conter développe également la capacité d’analyse, l’esprit critique, l’humour, et enrichit le vocabulaire. 

Chaque livre ouvre sur l’intelligence d’un autre et donne accès à de nouvelles stratégies pour résoudre des problèmes affectifs, cognitifs et contextuels. Il s’agit de créer des activités régulières de lecture plutôt qu’occasionnelles, afin de permettre à l’enfant de prévenir des difficultés ultérieures lors de l’acquisition de l’écrit et de la lecture et de compenser les handicaps pour d’autres.

FamillePosez-lui des questions et établissez ensemble des commentaires de façon équilibrée. Plus encore que la réponse à la question posée, l’argumentaire sera source de réflexion et de structuration de la langue.

Encouragez votre enfant à s’exprimer, en le félicitant régulièrement, de sorte qu’il se sente récompensé de ses efforts, petits comme grands.

Ne perdez pas de vue la question du plaisir partagé ensemble. Il est important que se crée une ère de complicité entre vous et votre enfant à travers la langue, orale comme lue ou écrite. Ce sera la base d’une communication de qualité et porteuse de lien affectif.

 

Céline Bidon-Lemesle, Psychologue Clinicienne- Neuropsy, Formatrice, Thérapeute.