La discipline positive est une démarche éducative concrète qui permet de faire grandir, chez les enfants précoces, les compétences indispensables à leur réussite académique, sociale et plus tard professionnelle : persévérance, autonomie, capacité à gérer ses émotions et ses frustrations, flexibilité, capacité à rentrer en relation de façon respectueuse… et à aider les parents d’enfants précoces à être davantage les parents et adultes qu’ils ont envie d’être.
Les compétences socio-émotionnelles des enfants précoces : un facteur prédictif de réussite?
Depuis les années 80, de nombreuses études montrent que les compétences socio-émotionnelles (capacité à s’adapter, à gérer les émotions et frustrations, persévérance, autonomie, capacité à rentrer en relation de façon harmonieuse…) sont indispensables à la réussite de nos enfants.
L’expérience du chamallow menée par le professeur Walter Mischel illustre très bien ce fait. En 72, il a donné à un groupe d’enfant en maternelle un chamallow. Il leur a proposé d’en obtenir un second à la condition que pendant 15 minutes ils ne mangent pas le premier. Un groupe d’enfant a réussi, l’autre a craqué et mangé le chamallow.
Les enfants de ces deux groupes ont été étudiés et 15 ans plus tard, ceux qui ont le mieux réussi à l’école n’étaient pas les enfants au QI le plus élevé mais bien ceux qui avaient été capables de faire preuve de patience et parce qu’ils disposaient d’une des compétences socio émotionnelles la plus indispensable pour rentrer dans les apprentissages et pouvoir s’adapter aux défis quotidiens : la capacité à gérer ses frustrations et ses émotions.
Ainsi les compétences socio-émotionnelles sont plus déterminantes que le QI pour prédire la future « réussite » scolaire, sociale et professionnelle. Cela nous permet de comprendre la raison d’un échec scolaire élevé chez les enfants précoces. Car, même si leur QI est supérieur à la moyenne, ces enfants atypiques manquent parfois grandement de certaines compétences socio-émotionnelles comme : la capacité à interagir de façon respectueuse, la persévérance ou encore la capacité à ne pas exploser à la moindre frustration.
Comment aider les enfants précoces à mieux gérer leurs frustrations et à développer leur compétence socio-émotionnelles ?
Contrairement au QI qui se stabilise à la période de latence (8-12 ans) et ce durant toute la vie, l’intelligence émotionnelle et les compétences socio-émotionnelles s’enseignent. De nombreuses études montrent que de la mise en place de programmes d’enseignement socio-émotionel dans les écoles est efficace du point de vue des résultats scolaires, ce qui se voit également corroboré par les dernières découvertes sur le cerveau (neurosciences affectives).
La modification régulière et profonde du mode éducatif parental joue également de façon structurelle sur les connexions cérébrales de l’enfant et ce quel que soit son âge et son niveau de départ. Notons que les 5 premières années de l’enfant et la période de l’adolescence demeurent des périodes particulièrement favorables à la création de nouveaux circuits neuronaux. La condition d’un tel apprentissage est un entrainement régulier afin de muscler la zone du cerveau correspondante ce que les IRM confirment.
L’apprentissage des compétences sociales comme celui des compétences scolaires nécessite temps, encouragement et entrainement régulier : il ne suffit pas seulement d’expliquer comment on écoute de façon respectueuse pour que l’enfant, ou l’adulte d’ailleurs, sache le faire.
Aussi, plusieurs auteurs se sont attelés avec précision et ferveur à cette question de fond comme Jane Nelsen, Dr Guegen, Isabelle Filliozat, et plus récemment Céline alvares... Dans tous les cas, et avec l’aide de supports des plus concrets aux plus conceptuels pour faire face au quotidien et aux grands moments de crises (bien connus chez les enfants précoces notamment), la démarche éducative est basée sur une double dimension : une fermeté bienveillante permettant l’entrainement et l’encouragement conjointement.
Qu’est-ce que la fermeté bienveillante en éducation positive ?
Il est essentiel que le parent sache comment être bienveillant et ferme en même temps : bienveillant pour pouvoir respecter son enfant et sa différence, voire sa souffrance… tout en restant ferme en même temps pour permettre à l’enfant précoce de respecter la frontière entre le monde de l’adulte et celui de l’enfant, d’accepter les obligations du quotidien, les demandes des adultes et de savoir progressivement faire face aux exigences de la situation (être à l’heure, prendre soin de son hygiène corporelle, respecter les règles sociétales…)
Etre bienveillant et ferme en même temps est d’autant plus important pour les enfants précoces qui, quand ils ne vont pas bien, « s’abîment psychiquement et déstabilisent grandement leur entourage ». Ils ont alors d’autant plus besoin d’encouragement, de constance et de congruence.
Une question posée à l’enfant précoce avec fermeté et bienveillance motivera davantage qu’un ordre (entendu avec agressivité et un ton excédé dans la voix) et développera d’autant mieux l’esprit coopératif. La recherche de solution et la prise d’initiative stimule le cortex frontal et muscler cette zone cérébrale assurera dans le temps de meilleures compétence socio-émotionnelles.
L’encouragement des enfants précoces: l'outil concret le plus efficace
Comme le suggèrent Jane Nelson et Lynn Lott, « un enfant fait mieux quand il se sent mieux ». En effet, les neurosciences le prouvent : l’encouragement est bien plus efficace que la critique pour mettre fin à un comportement inapproprié car il va activer les zones du cerveau nécessaires au changement (contrairement à la critique qui aura l’effet inverse). La critique et les mauvais mots déclenchent une émission d’hormones liées au stress et éteind certains circuits cérébraux nécessaires à l’amélioration du comportement au long court.
La notion d’encouragement est souvent mal usitée ou comprise des parents, qui l’associent à une valorisation et gratification quand l’enfant a de bonnes notes ou qu’il a eu un comportement attendu et adapté. Or, c’est bel et bien lorsque l’enfant a des difficultés à se conformer aux règles, à s’exprimer avec respect aux adultes et à traiter de ses frustrations qu’il a le plus besoin d’être aidé et encouragé.
Encourager n’est pas complimenter à tout va, ni dire que tout est formidable surtout quand la situation n’est pas adaptée ou que l’on pense tout le contraire. Il s’agit bien de valoriser un comportement qui a nécessité de l’effort à l’enfant pour se « récupérer » mieux et plus rapidement que la fois précédente par exemple, ou encore qui a su s’excuser, ou encore qui est parvenu à expliquer (même dans les cris) ce qui le mettait hors de lui, ou encore à sortir de la pièce et à s’isoler de façon autonome pour parvenir à retrouver son calme…
Cela n’en fera nullement un « enfant roi ». L’enfant comprend alors que son parent lui veut du bien même s’il n’accepte pas tous ses débordements, son parent est capable de repérer le gros travail qui est en marche en lui pour mieux maitriser ses émotions.
L’encouragement commence par ce regard bienveillant que l’on va poser sur l’enfant en étant capable (ou en s’entraînant à le devenir) à voir les aspects positifs derrière chaque comportement inapproprié. De même qu’il y a toujours une formidable opportunité d’apprentissage pour les parents qui font des erreurs, il y a derrière tout comportement inapproprié de l’enfant une force à repérer et à valoriser. Aussi, la discipline positive apprend à construire à partir des forces de l’enfant !
En conclusion, la discipline positive ouvre : un regard nouveau porteur de changement sur les notions d’erreur, et de comportements inappropriés, ainsi qu’à une nouvelle posture parentale conjuguant bienveillance et fermeté. Cet accompagnement éducatif nécessite de répondre de façon personnalisée à la singularité de son enfant, d’apprendre à le connaitre, à le décrypter pour lui donner les outils concrets dont il a besoin pour se construire de façon harmonieuse et devenir à son tour un adulte empathique avec autrui et bienveillant envers lui même.
Pour aller plus loin, un cycle de discussion est proposé aux parents désireux de poursuivre l'échange.
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