Jalousie, jalousie

2 contributions / 0 nouveau(x)
Dernière contrib.
boubou
Jalousie, jalousie

bonjour,
je suis une maman de deux magnifiques petites filles agées de 2 ans et 9 mois. Quand je rentre du travail, mes deux filles sont très demandeuses de toute mon attention. L'ainée agée de deux ans a du mal à supporter que je m'occupe de la cadette et l'exprime ainsi " je ne veux pas que tu d'occupes d'A, je veux que maman s'occupe que de moi" Alors je réexplique que j'ai deux enfants et que je m'occupe de mes deux enfants. Est ce que la jalousie envers sa soeur va s'arreter à un moment? comment lui apprendre à partager sa maman avec sa soeur? merci pour vos lumières

celine-lemesle
Bonjour Madame,

Tout d'abord, recevez mon soutien et mes encouragements pour vous être lancée dans cette belle, mais aussi parfois, soulignons-le, difficile aventure que d'avoir deux enfants bien rapprochés. Votre question est très intéressante à plusieurs titres.
Votre ainée dispose déjà d'un langage de bonne qualité pour son jeune âge et a le mérite de verbaliser auprès de vous ses émotions, inquiétudes et désirs, ce qui doit véritablement l'aider à dépasser sa frustration, malgré le sentiment qu'elle vous en laisse.
Comme beaucoup de mamans, vous ne pouvez sans doute pas faire l'économie de travailler et d'un certain point de vue cela est heureux. Car la séparation est une question primordiale pour le bébé. Elle s'engage dès sa naissance et est à négocier jusqu'à la fin de la vie pour toute personne.
Cette question n'est autre que celle de la dépendance / autonomie. Comment vais-je faire sans maman? Ai-je assez confiance en moi pour faire et réaliser ce dont j'ai besoin et envie, alors qu'elle n'est plus avec moi?
Ceci étant dit, revenons à votre question initiale: manifester de la jalousie (rivalité fraternelle) est tout à fait ordinaire. C'est une façon pour votre ainée de confirmer auprès de vous l'amour qu'elle vous porte. Et dans le même temps, elle tente de repérer en vous, qui d'elle ou de sa soeur, est votre préférée.
Il est souvent difficile de s'avouer cette préférence pour l'un de ses enfants. Pourtant, elles n'ont nécessairement pas la même histoire, la même place et le même investissement symbolique et affectif en fonction du contexte de leur venue. Il est, à ce propos, préférable de passer plus de temps avec l'enfant "moins préféré" pour favoriser l'équilibre affectif et familial.

Dans tous les cas, il est essentiel de vivre un temps privilégié avec chacune d'entre elle (l'une sans l'autre). Un temps ne veut pas dire très longtemps mais plutôt un temps sincère et authentique durant lequel on vit présentement l'instant sans penser à autre chose. Ce temps peut tout à fait s'inscrire dans le quotidien et souligner par exemple la participation de votre ainée dans des activités de "grand". "Tu m'aides à t'occuper de ta petite soeur, tu fais les courses avec maman.... "
De même, il est important de poursuivre cette voix sur laquelle vous vous êtes engagée, à savoir signifier à votre ainée que votre disponibilité continuera à être partagée puisque vous avez deux enfants et qu'elles méritent toutes les deux votre attention. C'est ce qu'on appelle en psychologie, "le principe de réalité" et qui doit dans le cas présent triompher sur le "principe de plaisir". C'est à travers cette réalité ainsi énoncée que vos deux petites filles pourront grandir le plus harmonieusement possible.

Alors oui, vous n'en n'avez pas fini avec la rivalité fraternelle et non, il n'est pas tant question de lui apprendre à partager sa maman avec sa soeur, mais plutôt d'avoir cette conviction au fond de vous-même qu'elle ne souffre pas autant que vous pourriez le penser de votre absence ni de l'attention que vous portez à sa soeur.

Pour le reste, "cette petite coquine" semble avoir bien compris sur quel "bouton" appuyer pour se faire entendre auprès de vous. Gardez confiance en votre éducation, les mots et la réassurance dont vous faites preuve lui permettront progressivement d'accepter les difficultés semées sur le chemin de sa vie, nécessaires à son évolution personnelle.

Céline Bidon-Lemesle, Psychologue Clinicienne.

Céline Lemesle, Psychologue