Encoprésie Gabriel 7 ans

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charlottes
Encoprésie Gabriel 7 ans

Bonjour,
Mon fils Gabriel, 7 ans, souffre d'encoprésie. Depuis sa naissance, il est suivi pour divers troubles de développement psychomoteur et a été de ce fait très entouré. J'ai également choisi de changer d'orientation professionnelle afin d'être plus présente auprès de lui. Il est suivi pour l'encopresie par un gastro pédiatre depuis septembre 2013. Les résultats ont été assez bons jusqu'à il y a environ 1 mois. En effet, grâce à un tableau de motivation que nous avons mis en place et la prise de forlax deux fois par jour, on réussissait a obtenir des résultats satisfaisants. On a cependant noté Quelques petites rechutes dans les périodes où son "cadre" était plus flou, c'est-à-dire au moment des vacances, lorsque les horaires sont moins réguliers. Or, depuis les vacances de Pâques, la situation s'est complètement détériorée, c'est-à-dire que Gabriel ne fait absolument plus l'effort de pousser quand il va aux toilettes, et se lâche sans que ça ait l'air de le déranger dans ses slips. Je suis persuadée qu'il le fait sciemment, dans la mesure où, quand je lui promets un cadeau, il est tout a fait capable de se retenir, de faire aux toilettes, et de garder le slip propre toute la journée. Évidemment je ne sais plus quoi faire, je n'en peux plus de le nettoyer 3 a 4 fois par jour, je suis nerveusement a bout, et il en pâtit. Parfois je ne peux plus me retenir, je pète un plomb et je l'engueule très fort, en essayant de lui dire tout ce qu'il y a de plus vexant, qu'il n'est qu'un bébé, qu'il sera toujours un cochon, et autres choses dévalorisantes. J'ai peur de le démolir psychologiquement, mais ce qui me mets hors de moi c'est que je sais qu'il comprend tout ce que je lui dis et qu'il n'en fait qu'à sa tête. Mon médecin généraliste m'a dit d'essayer de ne plus évoquer le sujet, que ça reste marginal, mais c'est plus facile à dire qu'à faire. Demain nous voyons une psychologue, j'espère sincèrement qu'elle va nous aider parce que je ne vois pas comment je pourrai encore continuer comme ça.
Merci de votre compréhension.

celine-lemesle
Bonjour

Il existe plusieurs approches thérapeutiques résumées dans mon articles sur le sujet et approfondies lors de mes réponses aux internautes. Je vous propose de vous y référer.

Pour synthèse, votre approche via une psychologue est toute indiquée car l'encoprésie plus qu'un problème organique, physiologique ou mécanique, est issu la plupart du temps de perturbations de nature psychique, qui impliquent la motivation et l'agressivité de l'enfant.

Les conduites parentales à tenir sont donc primordiales pour aider l'enfant à s'en sortir:

- l'écouter dans ce qu'il ne vous dit pas, et qu'il ne vous dit finalement qu'à travers le caca,

-s'interroger sur le mode de lien préalablement établi avec son enfant et ce qui peut le déranger au point de rechercher une telle régression et sadisme (inconscient) envers sa famille,

- cesser les couches et le faire nettoyer ses slips, pantalons... A partir de 5 ans un enfant est capable de frotter son slip dans une bassine et de mettre son linge dans la machine à laver,

- ne plus aborder cette question et la laisser ouverte lors des entretiens psy, n'en traiter qu'à cette occasion pour dégager de nouvelles relations au sein de la dynamique familiale dans le quotidien,

- faire remplir un carnet secret par l'enfant telle une sorte de journal de ses "accidents" et sentiments. Les parents ne doivent pas s'en mêler même si l'enfant note des données erronées, cela lui appartient au même titre que ses fantasmes. La réalité importe peu, c'est la réalité psychique de l'enfant qui compte. Ce carnet va lui servir progressivement de prise de conscience et est pour ma part instauré en psychothérapie.

- cesser les récompenses, car aller aux toilettes, manger, se brosser les dents.... font partie des choses normales que tout être humain doit accomplir quelque soit son âge,

- lui mettre à disposition des livres sur le sujet du corps humain, des transformations corporelles .... comme les deux très bons livres du grand voyage de monsieur caca, ou encore les rejets du corps, et tout livre traitant de la question de la colère, de l'agressivité: l'encoprésie en étant une voie détournée,

- autoriser l'enfant par ailleurs à exprimer son agressivité (sport, gros mots dans un cadre donné...)pour qu'elle trouve une voie d'accès plus pertinente que le symptôme de l'encoprésie...

Le travail familial quant à lui est essentiel pour faire progresser l'enfant mais aussi ses parents. Il dégage les problématiques relationnelles, le point de départ du symptôme (trauma, peurs, changement ... pour l'enfant)mais aussi les projections psychiques dont l'enfant est issu, et auxquelles il peut malgré lui répondre inconsciemment. Il s'agit là des théories transgénérationnelles auxquelles je fais référence.

N'oublions pas de citer que l'enfant encoprésique est le symptôme familial, et vient masquer les autres dysfonctionnements sous-jacents, lesquels sont pourtant bien souvent présents en toile de fond. Ce n'est que l'arbre qui cache la forêt.

Enfin, il est également important de tenir compte des possibilités réelles de chaque enfant, tant sur le plan physiologique, psychologique que développemental. Peut être faut il parfois accepter aussi certaines fragilités. Les rdv psy mettront probablement aussi en lumière cette question.

Ne vous découragez pas, vous êtes le guide de votre fils, il a besoin d'une maman solide sur laquelle s'appuyer pour dépasser ses peurs. Et il y parviendra assurément grâce à tout ce que vous mettez en place autour de lui et à l'amour que vous lui portez, ce que je ressens puissamment en vous lisant.

Bien à vous

Céline Lemesle, Psychologue

charlottes
Je vous remercie infiniment de votre réponse et du temps que vous avez pris pour ce faire. Je comprends en effet qu'il y a encore beaucoup de travail et une remise en question régulière s'avère nécessaire. Merci encore pour ces quelques pistes de recherche.