ACTE 7 - À quand le clap de fin ?

Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, c’est pour demain ?

Après cette septième semaine de confinement, la France est en pleine effervescence, entre impatience et crainte, la France prête à bondir au moindre petit signe d’ouverture… ! Les rayons du soleil se font plus pressants, et l’appel des vacances ne cesse de résonner dans les esprits. Se balader au bord du Canal St Martin n’y suffira plus.

Dès l’annonce du dé-confinement du 11 mai, les gens ont recommencé à se ruer dehors. Ils semblent tous être de nouveau à la fête et ne pouvoir s’empêcher de se rassembler. Relâchement. Rêverie…Silence, ça tourne !

Il me plait alors à me replonger dans cette réplique d’Amélie Poulain qui redonne la vue à cet aveugle qu’elle émerveille de sa prose poétique, pour un instant : « Venez j’vais vous aider. On descend. Et Hop c’est parti ! Là on croise la veuve du tambour de la fanfare. Elle porte l’apparence de son mari depuis qu’il est mort. Attention Hop ! Tiens l’enseigne de la boucherie chevaline a perdu une oreille. Ce rire c’est celui du mari de la fleuriste, il a des petites rides de malice au coin des yeux. Oh dans la vitrine de la pâtisserie y’a des sucettes pierrot Gourmand ! Humm vous sentez ce parfum ? C’est Péponne qui fait goûter ses melons aux clients. Ah, chez Marion, ils font de la glace aux calissons. On passe devant la charcuterie : 79 le jambon à l’os, 45 le travers demi sec. On arrive chez le fromager 12,90 les picotouls de l’Ardèche et 23,90 le capitoul du Poitou. Chez le boucher, il y a un bébé qui regarde un chien qui regarde les poulets rôtis. Voilà, maintenant on est devant le petit kiosque à journaux, juste devant l’entrée du métro. Et moi je vous laisse ici. Au revoir. »

  • Après six semaines de Covid, avec ses variations en tous genres : entre température, détresse respiratoire, courbatures, absence totale de goût et d’odorat, migraines et urticaire sur tout le corps, quel bonheur intense que de recouvrir ses sens, à la période des glycines… Cela convoque assurément de belles images mentales qui demeurent en soi, qui font du bien, qui nourrissent, qui redonnent du sens à l’existence. J’ai besoin maintenant de voir le temps qui défile dans la journée, le dehors. Depuis le confinement, la journée passait sans que je ne m’en aperçoive, sans que j’y pense, et la nuit était devenue une véritable torture psychique avec ses éveils anxieux dans la pénombre. Maintenant que je me sens mieux, je recherche l’odeur du frais, de l’humidité du matin, les feuilles et l’herbe, tout ce qui donne sens à la vie !

La vie est belle…quand on en garde la maitrise !

Alors, OUI à cette sortie, à la reprise de la vie ! Mais, suis-je donc le/la seul(e) à craindre une seconde vague épidémique, plus forte celle-ci encore que la précédente, me demandent plusieurs d’entre-Vous... Les affres de l’histoire, s’ils sont lointains pour la plupart, sont toujours présentes pour d’autres : la seconde vague de la grippe Espagnole fut quant à elle encore plus mortelle que la première.

La France des deux bords, c’est probablement cela aussi. Si nous étions clivant, nous dirions qu’il y a les optimistes d’un côté et les pessimistes de l’autre. Une France-Reinette coupée en deux, tout du moins, probablement en trois voire plus encore !

Roberto Benigni La vie est BelleLes optimistes sont ceux qui pensent que la Vie devra de toute façon reprendre son cours et que, de tout temps, c’est ainsi… la Vie des hommes est risquée, il ne doit pas en être autrement. Car à rester confinés chez soi sans saveur, sans expérience autre celle que de l’intériorité, est-ce vraiment une vie ? D’ailleurs, en 1969, un autre virus avait décimé la France insouciante, non-informée : il y eut 400.000 morts pour 50 millions d’habitants à l’époque, et les gens continuaient de vivre normalement. On n’en parlait pas autant, pas d’internet, pas de média relayant à la seconde des milliers d’informations dans le monde entier ! Le virus Ebola nous tue à 70%, la grippe à 0,1%... Or, aujourd’hui nous en sommes à 25.000 morts pour 68 millions d’habitants avec le COVID-19. 

« Le rire nous sauve, voir l’autre côté des choses, le côté surréel, amusant, ou parvenir à l’imaginer, nous empêche de nous briser, nous aide à résister pour réussir à passer la nuit, même lorsqu’elle parait longue » Roberto Benigni.

Les autres, dits pessimistes, rétorqueront que maintenant nous savons, ou plutôt nous ne savons rien de ce virus ! Nous avons voulu croire qu’il s’éteindrait au printemps et bien que seulement 0,5% des gens infectés en meurent, il n’y a que 6% de la population qui aurait contracté le syndrome à ce jour. Les médecins alertent sur l’absence d’immunité. Ce mot semble pourtant passer inaperçu. On ne l’entend pas. L’écho des vacances arrachées à cette France qui souffre du confinement sonne plus fort que toute autre chose. Peu de gens se sentent vulnérables. Or, ce pourrait-il que ce faible pourcentage ne soit qu’une chimère ? Ne serait-ce là que la petite introduction d’un plus grand désastre à venir ?

Tous ces chiffres me donnent le tournis. Les chiffres, on tente de s’y accrocher, pour trouver quelques repères alors que le savoir est en perte de vitesse. Ils s’envolent et ne cessent d’encombrer nos esprits novices. Un mathématicien en infectiologie a été interviewé pour tenter de démêler le vrai du faux, lui-même a fini par conclure : nous n’en sommes qu’au début de la connaissance de ce virus, les chiffres ne veulent rien dire à ce stade…

Tout n’est que question de perception. Il est probable que la Vérité se trouve plutôt dans cet entre-deux, chez les Réalistes, selon Oscar Brenifier (Moi et mon contraire) : « le réaliste c’est celui que ne croit que ce qu’il peut vérifier et qui n’affirme que ce dont il est certain. C’est pourquoi il ne forme pas de faux espoirs sur le monde, sur les autres ou sur lui-même ».

Le réaliste me parait exempt de peur, nul enthousiasme démesuré, il préfère ainsi peser chaque situation de façon holistique, dans son ensemble. C’est lui qui saura probablement résister le mieux à la tentation, mettant à profit sa réflexion bien pesée. Quoiqu’il en soit, chacun devra répondre de sa décision, de quelque nature qu’elle soit et l’assumer, pourrait-il conclure. 

  • Pour moi, l’optimiste c’est celui qui voit le verre à moitié plein, le pessimiste, c’est celui voit le verre à moitié vide et le réaliste c’est celui qui va dire que c’est pareil ! Quelle position est la meilleure ? Il faut être réaliste et avoir un côté optimiste. Parfois le réalisme et le pessimisme se rejoignent, on voit les choses en face ! Il faut être réaliste mais rester complet, avoir un petit peu de tout, je suis pour la nuance en toutes choses. Le Président, pour moi il est optimiste et irréaliste. Bien sûr, tout le monde ne pourra jamais être d’accord sur tout. Mais c’est à lui de bien réfléchir à cette problématique. Et je déteste l’idée que la majorité aurait raison. On dit par exemple que les daltoniens voient le vert et le rouge de la même couleur, pourquoi auraient-ils moins raison que le reste du monde qui distingue ces deux couleurs ? Ce n’est qu’une question d’angle de vue et la majorité ne prend pas toujours les bonnes décisions !

Au cœur de tant d’histoires plurielles, je ne peux que prendre le recul qui s’impose, comme toi petite jeune fille de 10 ans et déjà si mature. Chaque situation est si personnelle qu’il serait bien indélicat de dire qui a tort ou raison. Tout se jauge maintenant au millimètre face à tant d’incertitudes. 

Les gens n’en peuvent plus, ils ont besoin de liberté, de vacance nous dit-on, ils sont à court de tout, de rangement, d’idées, de repos… le confinement va finir par les rendre fous :

  • Je souffre de cette impression de perte de contrôle sur ma vie, on ne va pas pouvoir rester confinés six mois, ça va être dur. A Paris, y’a que du béton, aucun contact avec la nature. J’ai vu des gens de la BAC habillés en civil. Ils contrôlaient des personnes qui étaient assises : des vieux, des familles et ils se faisaient verbaliser. Cet hyper-contrôle sur nos vies, nous donne l’impression d’être coupable et de mériter cette prison.
     
  • Je suis une maniaque du rangement. Tout était déjà impeccable avant le confinement. J’ai encore trouvé deux ou trois trucs à ranger et à peaufiner mais maintenant c’est la déch ! (LOL). Trêve de plaisanterie… Qu’est ce qui va m’aider à colmater l’angoisse maintenant ? 
     
  • Mon conjoint s’est coupé la langue en mangeant une tartine. Il est devenu tout blanc, le souffle coupé. Il est à côté de ses pompes, il part de plus en plus loin dans ses rêves, au point de ne même plus être connecté à son corps. Mais je crois qu’il ne peut plus échapper à sa réalité, avec sa langue coupée ! Il est en vrac en ce moment…

Shutter Island, une réalité des plus confusionnantes

« Tu ne comprends pas ? Tu es un rat dans un labyrinthe ! »

Tout le monde travaille fort pour en sortir au plus vite. La France de la débrouille et de la solidarité ne ménage pas ses efforts pour aider tant qu’elle le peut. Le manque de masques a enjoint les gens à en confectionner seuls. Chacun dans sa famille se prépare pour sa sortie, à sa façon, car les 700.000 tests sérologiques promis pour le dé-confinement du 11 mai ne pourront être fournis dans ces largeurs…. 

Alors, on danse avec Stromaé et on coud des draps, des torchons et tout ce qui fera bien l’affaire ! On coud autant qu’il le faudra avec pugnacité et bénévolement, malgré les nombreux atermoiements concernant l’intérêt réel des masques face à l’épidémie. Peu importe ce qui sera dit au plus HAUT, les gens ont compris. Se protéger le plus possible ! Les masques restent et demeurent une priorité, en l’absence de traitement et de vaccin. 

Les parents cousent des masques qui permettront à leurs enfants adolescents et adultes de quitter le nid familial avec le sentiment d’avoir contribué à leur protection, face à un gouvernement qui n’a pas les moyens de le faire pour sa population. Des usines se sont reconverties pour réaliser des protections à l’aide de leurs imprimantes 3D et ont aussi tenté de concevoir des appareils médicaux pour aider les gens covidés à respirer. Mais si grande soit cette humanité au ressort de cette situation de crise, force est de constater que cette confusion Sociétale ne rassure en rien…

  • Au boulot, on a des points « bonne humeur » d’une demi-heure chaque jour. Les patrons ont dû avoir des indications pour soutenir leurs salariés sur le plan psychologique. Personnellement je trouve cela très intrusif. La vie pro se confond avec la vie personnelle : y’en a un qui a raconté sa séance gynéco avec sa femme, et un autre a parlé de l’accouchement de sa femme, qu’il ne serait pas chaud pour couper le cordon ! Pas grave, comme de toute façon maintenant les femmes accouchent seules ! 
     

  • J’ai été appelée pour aider un service patient – COVID-19 à l’hôpital. On aide les Aides-soignants. On a reçu une petite formation pour mettre les blouses et parfois pour nous faire faire les toilettes. On change aussi les bacs des détergents et d’eau qui servent à désinfecter les lunettes que l’on fait tremper après usage. On apporte les repas, on donne à manger, on remplit les chariots. On change les bouteilles d’eau. J’essaye de parler avec les patients qui sont seuls, c’est dur de faire aide-soignante et psy quand on est orthophoniste. Beaucoup de gens sont désorientés, il n’y a pas d’horloge dans les chambres. La plupart racontent des souvenirs anciens, leur famille, la mémoire est difficile à re-convoquer. L’affluence des malades est très variable en fonction des jours. Ce qui m’est difficile aussi c’est de soutenir les soignants, ils manquent de tout : de médocs pour les soins palliatifs, pour soulager la souffrance des gens. Une infirmière a accompagné deux personnes mourantes aujourd’hui. Elle a craqué. Elle a du mal avec la souffrance physique, ils sentaient tout. Elle est très en colère. Et en même temps, il y a une grande réticence à ce que les psychologues, dont c’est la fonction originelle, passent dans le service pour accompagner les malades, alors que ce sont les orthophonistes et les psychomot’ qui sont sollicitées pour faire ce job de psy ! Incompréhensible ! Il y a un effacement total des fonctions. L’hôpital porte en lui une espèce de confusion. Il n’y a qu’entre les médecins, les infirmières et les AS que cela reste bien délimité. La confusion se porte ailleurs pour eux : des services entiers spécialisés dans certaines disciplines ont été réquisitionnés pour travailler en unité COVID, délaissant leurs malades à d’autres professionnels tous intérimaires, ne connaissant pas les protocoles. Moi j’ai de la chance d’une certaine façon, je suis plus en soutien psy finalement, mais ma collègue orthophoniste a été envoyée avec une seule soignante dans un autre service, et a dû prendre la température dans les derrières et laver les gens…
     
  • Moi, je suis dans une boîte anglaise, tous les vendredis on a un virtuel drink call, ça dure deux heures et en plus vous avez le droit de vous bourrer la gueule sur le temps de travail !

Alors que « dé-confiner » signifie littéralement : « sortir des limites imposées », ce confinement nous fait vivre une expérience de confusion des limites. Voici probablement l’une des raisons pour laquelle la plupart des français trouvent le temps long, rêvent de retrouver un cadre plus clair, leur intimité, leur vie, leur amoureux(se), leur travail afin de revenir à des contenants plus stables, chaque chose doit retourner à sa place.

  • Cela fait si longtemps que nous ne sommes pas vus... Cette relation épistolaire était romantique au début, mais maintenant elle finit par me peser. Je revis plein de réminiscences du passé, ma tête est pleine de questions par rapport à son passé et je ne parviens pas à en parler avec lui par Skype. On ne peut plus se câliner pour se dire tendrement au creux de l’oreille ces choses-là, si intenses. Je me sentais désespéré(e) de ne pouvoir le voir depuis si longtemps. J’ai du mal à garder du lien, à avoir des discussions de fond avec lui/elle.
     
  • On a bien profité de nos enfants, mais là maintenant ce sont les enfants qui profitent de nous !

Les évadés ou les paradoxes humains

« On ne met pas tous les oiseaux en cage. Leurs plumes brillent trop quand ils s’envolent. Et la part de vous-même qui sait que c’est un péché de les enfermer se réjouit ». 

Alors pourquoi d’autres personnes se sentent si bien dans le confinement et peuvent craindre à contrario de retourner à leur vie du dehors ? Ces questions me ramènent au célèbre film « les évadés ». Au sortir de la guerre, en 1947, Andy Dufresne (incarné par Tim Robbins) un jeune banquier, est condamné à la prison à vie pour le meurtre de sa femme et de son amant. Ayant beau clamer son innocence, il est emprisonné à `Shawshank', le pénitencier le plus sévère de l'Etat du Maine. Il y fait la rencontre de Red (en l’acteur de Morgan Freeman), un homme désabusé, détenu depuis 20 ans. Commence alors une grande histoire d'amitié entre les deux hommes. 

Probable qu’Andy ait plus de ressources psychiques que la moyenne des gens, lors de sa mise au mitard pour un mois sans voir le jour. Voici ce qu’il répondra à Red, qui, très étonné par la résilience de son ami ressortant plutôt équilibré de cette expérience pourtant très traumatique, lui demandera comment il a fait pour tenir le coup, Andy de lui répondre « mais enfin, j’avais Mozart pour me tenir compagnie » :

  • Il semble que ce soit plus facile de rendre l’autre heureux, que d’essayer se rendre heureux soi-même. Vu que je suis bloqué(e) seul(e), j’ai dû me prendre en main cette fois. Si on veut faire évoluer sa personnalité, changer ses comportements, adopter de nouvelles attitudes, il faut changer son environnement. Si j’avais été entouré de gens durant ce confinement, j’aurai oublié, j’aurai cherché à combler. Mais je voulais absolument traiter mes difficultés internes et me concentrer sur moi-même. C’est une bonne opportunité pour développer le travail psychique. Du coup, me dé-confiner ne sera pas nécessairement une si bonne nouvelle pour moi. Voir un psy, c’est comme aller à la salle de sport, est ce qu’on a un résultat au premier rdv ? certainement pas. En tant qu’HPI, le confinement m’évite aussi de pomper toute mon énergie. S’il est vrai que je ne suis pas super stimulé par l’extérieur, être avec moi-même me permet ce recentrage dont j’avais besoin. Et cela me permet d’être stimulé autrement.

En revanche, au pénitencier, les histoires ne se ressemblent pas toutes et si Andy a pu montrer une résilience particulière à sa sortie du trou, celle de leur autre ami commun en la personne de Brooks (incarné par l’acteur James Whitmore), prisonnier depuis 50 ans et répondant de la fonction de bibliothécaire au pénitencier de`Shawshank' n’aura pas le même destin. A peine libéré, il réintègre la vie normale, mais il mettra vite fin à ses jours. Devant l’incompréhension de ses amis encore prisonniers et ne rêvant que de retrouver leur liberté, Red lâche le mot : Brooks est mort d’avoir été trop longtemps « institutionnalisé ». 

Ces murs ont un effet bizarre. On les hait d'abord, et ensuite on s'y habitue, et plus le temps passe, plus on finit par en avoir besoin. C'est ça être institutionnalisé. Les évadés.

Vivre dans un cadre strict et sévère, dépendant de la vie ritualisée et infantilisante de la prison a finalement rendu Brooks dépendant de sa prison et totalement livré à lui-même dans cette nouvelle vie violente et régie par d’autres règles, toutes aussi violentes, voire plus encore que celle du pénitencier. Le confinement lorsqu’il est vécu en toute sérénité, lorsque le meilleur ami est en soi même, la sortie avec ce qu’elle comporte de violence sociale n’en n’est parfois que plus redoutée : 

  • C’est comme un affrontement cette réalité sociale, trop agressive, c’est dure pour les HPI de vivre dans cette Société ! Depuis le confinement, je me sens plutôt bien mieux. Je bénéficie d’un huis-clos sonore, du ralentissement des rythmes imposés. J’ai fait quelques exercices pour mieux m’accepter : me remémorer des moments où mon hypersensibilité avait eu des effets positifs pour moi pour la considérer de façon bienveillante et non plus uniquement comme une malédiction, je me suis écrit une lettre de mes qualités que je peux relire quand le vague à l’âme me prend de nouveau, et j’ai travaillé à protéger en moi l’enfant intérieur afin de me consolider. Il y a alors des images de moi qui me sont remontées à l’esprit. J’ai vu une petite fille très seule et tous les autres.
     
  • Avec mon homme/ ma femme, on n’a pas encore eu de phase ensemble où on se dit qu’on en a marre du confinement. On vit des choses très fortes lui/elle et moi. On est très touchés par le j’m’en foutisme individualiste. Pour moi, ce n’est pourtant pas un si grand sacrifice que de rester chez soi à lire des livres. Il y a des effets positifs au confinement. Trois quart de nos voisins sont partis, c’est très calme, la nuit on dort mieux, il n’y a plus de circulation. D’être réveillés toutes les nuits à la longue, ça nous rendait nerveux. Cela assoit notre désir de se retrancher à la campagne. 

Je suis une légende : un film pour plusieurs fins…

« Nous sommes son héritage, ceci est sa légende : éclairer les ténèbres »

Mais tous ont à présent en tête, la fin du confinement et ce qu’elle engage, en fonction des affinités, des peurs, des envies, des besoins… et il va nous falloir faire preuve d’imagination, d’inventivité pour la suite : 

  • Pour ma part, je préfère une sortie adaptative, je compte remonter plus tôt sur Paris pour me permettre une ré-acclimatation avant le grand retour de tous les parisiens. Retrouver mon habitat, mes affaires, me repenser dans le travail avant la reprise. Je ferai une reprise progressive, quelques jours physiquement et d’autres en télétravail. Je compte décider et ne pas subir !
     
  • La retrouvaille avec les gens, ça va être étrange, après une telle cure d’abstinence relationnelle.  Individuellement, cela va peut-être modifier leur vie, mais collectivement, le signe économique sera toujours à l’aulne de leur vie. Je redoute un plus grand impact de clivage entre les riches et les pauvres. S’il n’y a pas de changement en haut (au niveau Politique), il n’y aura pas de revalorisation de leur salaire.
     
  • Pour moi, il y a moins de risque à rester confinée, je suis pas d’accord avec le Président ! Tout le monde va sortir et tout le monde va attraper le corona. Quand il a parlé je me suis dit c’est insensé, improbable, impensable, c’est impossible à l’échelle de ce que l’on voit partout, on peut pas déconfiner les gens dans si peu de temps ! Pour l’instant on ne peut pas donner de date, car personne ne connait la tournure précise. Garder les gestes phares et rester confinés ce serait plus sûr ! Il a parlé du 11 mai pour rassurer les gens. Le fait d’avoir une date rend acceptable la situation. J’aime bien sortir d’habitude, toute une vie enfermée serait insupportable. Si je dois retourner à l’école, j’aurai pas le choix. Bien sûr cela me fera plaisir de revoir mes camarades, mais si je devais réfléchir en tant que Présidente je ne remettrai pas les enfants à l’école. Car tant qu’on n’en sait pas plus sur le virus, ce n’est pas une bonne idée de donner des indications. Je serai beaucoup plus prudente ! La vérité sort de la bouche des enfants, comme on dit, en général un enfant aura tendance à dire ce qu’il pense alors qu’un adulte ajuste sa pensée. On sait exactement ce que pensent les enfants et c’est vraiment ce qu’ils pensent. Alors que les adultes sont le plus souvent soucieux du regard des autres. Chez les enfants il n’y a pas de filtre !

 

A suivre, 

Céline Lemesle, Psychologue Clinicienne