Terreur nocturne ou cauchemar ?

   Beaucoup d'encre coule à ce sujet et encore à ce jour la science et la médecine ne sont pas véritablement en mesure d'en donner des explications et recommandations univoques. Toutefois certaines données empiriques (expériences tirées de consultations cliniques) ouvrent certaines pistes de réflexion susceptibles de sensibiliser les parents à ce sujet .

Comment reconnaît-on une terreur nocturne ?

   Les terreurs nocturnes sont différentes des cauchemars car elles surviennent en début de nuit, pendant le sommeil profond, généralement entre 23h et 2h du matin. 

   Elles se produisent le plus souvent entre 4 et 8 ans chez l'enfant, mais peuvent parfois se déclarer beaucoup plus jeune. Elles passent alors inaperçues. 

   Contrairement aux cauchemars, votre enfant ne se réveille pas, il ne reprend pas de lien avec la réalité, même s'il a les yeux ouverts. 

   L'enfant est souvent assis sur son lit, les yeux écarquillés et fixes, en mydriase(diamètre de la pupille très important). Du coup, il est très difficile de le raisonner ou de le rassurer. Il s'assoit dans son lit le regard fixe, pleure, hurle, s'agite, sue... mais dort encore! 

   Cette crise s'accompagne également de tachycardie (augmentation du rythme cardiaque), de polypnée (augmentation du rythme respiratoire), de rougeur au niveau du visage ou parfois pâleur. L'enfant prononce parfois des propos incohérents. 

   C'est très spectaculaire, car il s'agit en somme d'une forme dérivée de somnambulisme mais qui intervient uniquement chez l'enfant de cette façon là. 

   Ces crises ne sont pas dangereuses pour votre enfant. Il est seulement d'usage de faire attention à ce qu'il ne se blesse pas durant son agitation, qui parfois est très importante.

   Ces crises de terreur n'excèdent généralement pas 30 minutes, et peuvent durer seulement quelques minutes en fonction des situations. L'enfant finit par se calmer tout seul. Le lendemain, il ne se souvient de rien ! Mais cette crise laisse en général ses parents très inquiets et désemparés. 

Pourquoi mon enfant fait il des terreurs nocturnes ?

- Bien que l'origine des terreurs nocturnes soit encore mal comprise, elles trouveraient leur origine dans un dysfonctionnement du système nerveux. En particulier le développement incomplet du système d'éveil. 

- Une autre des causes de ces terreurs pourrait également être le manque de sommeil.

- A cela s'ajoute enfin les causes d'ordre médical (maladie infectieuse) 

- et/ou psychologique :

  Parfois, ces crises de larmes nocturnes permettent à votre enfant d'exprimer une inquiétude, une angoisse face à une nouveauté dans sa vie et qu'il n'est pas en mesure d'exprimer verbalement. 

   Le sommeil ouvre alors une autre porte possible à votre enfant pour exprimer ce qui lui fait peur : la rentrée scolaire, l'arrivée d'un autre bébé dans la famille, les tensions familiales, ou encore un événement de vie désagréable, difficile....

Dans tous les cas, ces terreurs nocturnes apparaissent chez votre enfant comme le signal d'un malaise soit physique et/ou psychologique qu'il convient d'entendre. 

   Ne négligeons pas non plus les conséquences que ces crises inaugurent sur la vie de famille, les cris durant la nuit sont également très anxiogènes pour la famille. 

   Bientôt les voisins peuvent s'en mêler et appuyer sur le sentiment de culpabilité des parents qui se sentent impuissants pour répondre de l'anxiété de leur enfant. 

Que faire ?

   Il est inutile de vouloir le réveiller pour plusieurs raisons :

-           Il n'est bien souvent pas possible de le réveiller, malgré les efforts entrepris,

-          Plus l'enfant est touché, plus il se débat, c'est comme si en quelques sortes vous entriez dans sa terreur et deveniez un agresseur potentiel de ce qu'il est en train de vivre émotionnellement de violent et de terrorisant pour lui,

-          Lorsque le réveil est soudain durant une terreur nocturne, l'enfant ne comprend pas de quoi vous lui parlez, puisqu'il ne se souvient pas de ce qui vient de l'animer durant son sommeil et cela peut finalement l'inquiéter,

-          Fréquemment, si l'enfant est réveillé durant sa terreur, il refera un nouvel épisode dans l'heure qui suit de même intensité voire de plus grande intensité encore. 

Durant la terreur nocturne :

-          Il est important de ne pas toucher votre enfant,

-          De lui parler calmement et d'être patient

-          De tenter de comprendre son cauchemar pour le rassurer à ce sujet en lui donnant une conclusion plus favorable, car bien souvent la terreur nocturne correspond à la mise en scènes d'échec, de peur, de tensions qui sont apparues la veille dans le réel.

-          Si ses propos sont incompréhensibles, vous pouvez lui dire les choses qui le rassurent habituellement. 

 

Si ces terreurs nocturnes sont liées à un manque de sommeil : 

-          Peut-être faut-il envisager de le coucher plus tôt ou d'allonger sa sieste. 

-          Veillez également à respecter son cycle de sommeil et à lui donner une bonne hygiène alimentaire, ainsi qu'à ne pas le coucher trop tard. 

 

Selon le manuel diagnostic DSM-IV,pour être considérées comme pathologiques, ces terreurs nocturnes doivent être répétées et causer une détresse ou une gêne au fonctionnement affectif et social notable, dans ce cas :

:-           Il est toujours possible d'en parler au pédiatre qui pourra vous conseiller,

-           Ou bien de consulter un pédopsychiatre ou Psychologue, qui sera à même de mettre du sens sur cette situation qui préoccupe votre enfant. 

 

Céline Bidon-Lemesle, Psychologue Clinicienne, Thérapeute Familiale, Formatrice.