ACTE 2 : Réaliser

Et maintenant nous pensons... Nous pensons aux autres, à ceux qui sont malades ou isolés, jeunes ou vieux, nous pensons à tous ceux qui au péril de leur vie sauvent la vie des autres, alors que nous sommes bien au chaud assis dans nos canapés, branchés sur nos écrans.

Comment ne pas culpabiliser? Comment aider? Nous ressentons la détresse du monde entier et l’impuissance gagne peu à peu.

Comme pour garder un semblant de maîtrise, nous applaudissons. Nous attendons ce 20h à nos fenêtres avec impatience et tendresse. Et nous nous saluons, alors que nous ne nous connaissions pas hier, ou si peu. Quelle étrange façon de se rencontrer vraiment.

Que faire de tout ce temps ?

L’être humain supporte mal de ne rien faire et d’attendre. Qu’attendons-nous au juste ? Que l’embellie caresse nos joues en dehors de nos maisons, que la situation s’éclaire ... peut-être, que le temps devienne plus clément ... assurément. 

Nous venons tout juste de comprendre que ce temps-là ne serait pas le nôtre, tout du moins pour le moment. Notre temps c’est celui de la contrainte et de la dépendance. Mais de quelle dépendance s’agit-il vraiment?

La plupart des gens se rue sur les réseaux sociaux, tente de communiquer, de rire encore un peu, mais le climat commence à s’assombrir. Le confinement se durcit. Nous ne sommes pas tous égaux face au covid-19.

Lire, manger, ranger, trier, s’occuper des enfants, s’occuper de nos premiers morts, faire de l’activité physique pour ne pas trop penser, réagir pour éviter de réaliser et d’imaginer la suite… et quelle suite ? Une vie, notre vie à tous qui ne sera plus jamais comme avant. L’éveil du dimanche matin se fait plus amer et incertain. 

Laissons-nous encore un instant pour croire que ce n’est pas arrivé et qu’il ne s’agit que d’un cauchemar. Sidéré.

Que nous disent les penseurs?

DescartesLes magiciens de l’âme ont le pouvoir de transformer les mauvais rêves en opportunité...

Descartes nous aura tous coiffés au poteau en embrassant spontanément cette expérience de confinement intérieure, de laquelle en est ressortie la fameuse maxime universelle : 

« Je pense donc je suis », quelle bénédiction pour certains, quel enfer pour d’autres.

Alors que Pascal et Montaigne conteraient également les avantages de ce repli forcé, nous encourageant à profiter de la vue imprenable sur notre chambre intérieure que cette situation exceptionnelle nous offre généreusement, vivre pleinement cette expérience de « réduction » comme elle se nomme philosophiquement, n’est pas chose si aisée. Tout le monde ne naît pas écrivain, penseur ou artiste, ni compte le devenir, pourraient rétorquer nombre d’entre vous. 

Alors que certains tentent l’abstraction, l’exfiltration symbolique, l’annonce des malades se fait de plus en plus courante autour de nous.

Chacun s’organise et fait face à sa façon :



Clémentine du Pontavice

  • Les restaurants insistent sur le fait qu’ils ont pris des mesures d’hygiène appropriées. Les magasins annoncent que c’est le moment idéal pour acheter des crèmes de persil bio. Deux applications de Babysitting m’ont contactée pour me proposer des services de baby-sitting en ligne. La Baby-sitter surveille l’enfant sur Skype. J’imagine qu’un jeune étudiant essaye d’accompagner le bébé quand il crie et réclame du lait. Les articles disponibles actuellement sur Amazon : une litière autonettoyante, des hauts parleurs qui écoutent tout ce que vous dites (Orwell 1984 également disponible). Par contre plus disponible à la vente : les pâtes de n’importe quelle forme, les lingettes désinfectantes et le détergent. A la vérité, ce que je vois dans les emails de ces petites entreprises, c’est qu’ils nous implorent d’acheter encore un peu, pour ne pas sombrer. Cela me rend triste et me rappelle que je n’aurais peut-être plus de travail moi non plus à la sortie.
     
  • La maison se transforme en salle de jeux géante, travailler à la maison et répondre à l’exigence scolaire, deviennent mission impossible. L’étau se resserre, je commence à ne plus y voir très clair.
     
  • Ça y est ... j’ai le Covid (diagnostic fait en télé consultation, le médecin est affirmatif). Ça va pour le moment, mais je ne peux pas garantir que dans deux jours ça ira encore. Mon mari est malade aussi, ma fille et mon fils l'ont été avec des symptômes légers la semaine dernière. De toute façon, il ne faut pas se faire d’illusion : nous sommes et serons très nombreux à l’avoir, et c’est bien pour ça qu’on nous confine à si grande échelle… 
     
  • Je vais attendre bien sagement la fin de ce confinement… Ma phlébite est toujours là, je sors 1 h/j avec grande prudence malgré mes 71 ans. J’ai décidé de vivre. Gym, pompes, mouvements de respiration et de détente font mon quotidien. Je consomme sans modération lectures, jeux papier, TV, DVD et site de musées ou concerts qui sont au top. Confinés ou pas, si je ne peux plus aller à la culture c’est elle qui continuera de venir à moi !

Chateau

 

ACTE 3 - HAPPY or BAD confinement ?