
Qu’est ce que l’intégration des cycles de vie ICV?
Une méthode douce qui aide votre cerveau à guérir et à se réorganiser d’après les travaux de Peggy Pace.
Elle est mise au service des patients traumatisés, souffrant de troubles de l’attachement et de carences affectives profondes, donnant souvent lieu à un trouble du stress post traumatique complexe (TSPT/C).
L’Intégration du Cycle de la Vie (LI-ICV) est une approche thérapeutique développée par Peggy Pace au début des années 2000. Elle repose sur une idée simple mais très puissante : votre cerveau peut changer, se réorganiser et guérir, même après des expériences difficiles et traumatiques. Et pour l’aider à se régénérer, il suffit souvent de lui fournir les bonnes conditions.

L’ICV s’appuie sur la manière dont le cerveau fonctionne et se transforme. Il se réorganise en lien avec les réseaux neuronaux de l’attachement qui se développent tout au long de la vie, et favorise la capacité naturelle de votre corps-esprit à retrouver l’équilibre.
Une découverte née de l’observation
Peggy Pace s’est rendu compte, en travaillant avec ses patients, qu’utiliser leur propre histoire de vie, sous forme de souvenirs placés dans l’ordre, produisait des changements profonds dans leur façon d’être, de ressentir et de réagir.
Intriguée, elle s’est tournée vers les neurosciences et a découvert que les recherches récentes expliquaient en grande partie ce qu’elle observait :
• le cerveau est plastique,
• il est capable de créer de nouvelles connexions,
• et il peut se réorganiser lorsqu’on l’aide de manière douce et répétée.

Depuis ces découvertes empiriques, des milliers de thérapeutes ont été formés, et des projets de recherche étudient l’efficacité de l’ICV. Une première étude novatrice et de grande ampleur a débuté en 2025 et se déroule en ce moment à l’hôpital Ste Anne à Paris.
Les trois conditions qui permettent au cerveau de changer
Selon Peggy Pace, le corps-esprit humain suit les lois des systèmes auto-organisateurs. Ce processus n’est pas un « ajout » d’information nouvelle, mais plutôt une façon pour le cerveau de réarranger et reclasser ce qui est déjà vécu, parfois depuis longtemps.

Dans l’ICV, le but du thérapeute n’est pas de forcer un changement, mais d’aider le système du patient à retrouver une forme d’équilibre naturel. Pour cela, trois conditions sont essentielles :
- L’attention focalisée, nécessitant d’être suffisamment présent pour suivre ce qui se passe, sans être débordé. « Ce qui fait le moins fait le plus ». Les protocoles (nombre de souvenirs répétés) veillent à fournir peu d’informations en début de thérapie afin d’éviter au cerveau d’être surchargé, puis les souvenirs s’enrichissent progressivement à mesure que le patient supporte et établit des connexions de plus en plus complexes. Le moins fait donc le plus !
- L’activation émotionnelle adéquate, permettant de ressentir un peu d’émotion — ni trop, ni trop peu — juste assez pour que votre cerveau soit concerné par ce qu’il vit. Il s’agit de veiller à ce que le patient puisse rester dans sa fenêtre de tolérance, ce qui repose essentiellement sur l’alliance et l’accordage thérapeutique. Aussi, il s’agit de bien choisir son Thérapeute, afin de se sentir en sécurité et en confiance avec lui.
- La répétition, qui consiste à répéter plusieurs fois la “ligne de vie” (la liste des souvenirs), permet au cerveau de renforcer ses connexions internes, et d’en développer de nouvelles.

Ces trois éléments combinés favorisent la plasticité neuronale, c’est-à-dire la capacité du cerveau à créer et renforcer des connexions. C’est ce qui explique la puissance de l’ICV.
Comment ça marche ?
Pourquoi répéter vos souvenirs aide réellement à équilibrer le cerveau ?
Afin de vous représenter ce qui se joue durant le processus de répétition voici un un petit aperçu pour celles et ceux qui ont vu le film : « un jour sans fin » ou le jour de la marmotte :-)
L’histoire se focalise sur un homme plutôt détestable sur le plan relationnel et imbu de lui même. Il va se retrouver bloqué dans la même journée et être amené à la revivre, la revivre et la revivre encore… sans issue autre que celle de la revivre inéluctablement.
Durant cette réitération d’événements déjà vécus, le personnage principal remarque progressivement ses erreurs, ses qualités, voit le monde d’une façon plus élargie et apprend progressivement de nouvelles façons de se représenter face à lui même.
Il accepte ses erreurs, fait place à la l’auto-compassion ouvrant à la compassion et pendant qu’il se redécouvre à lui même, il s’équilibre et peut maintenant entrer authentiquement en lien avec les autres.
Les neurosciences ont une règle bien connue, la règle de Hebb : “Des neurones qui s’activent ensemble, se renforcent ensemble.”

Lorsque vous répétez votre histoire de vie avec votre thérapeute :
• des réseaux neuronaux s’activent,
• ils se connectent entre eux,
• et ils deviennent plus solides.
À force de répétitions, votre cerveau finit par réorganiser votre vécu, comme s’il remettait vos souvenirs dans le bon ordre, dans un album qui aurait enfin des pages bien classées.
Cette réorganisation interne a un impact sur vos émotions, vos réactions, votre stabilité, votre capacité à vous sentir cohérent et ancré.
Des changements parfois rapides mais surtout profonds
Chaque souvenir est lié à un “état du Soi”, c’est-à-dire à une façon de ressentir et de réagir.
Lorsque votre thérapeute vous fait traverser une succession rapide de souvenirs, votre cerveau reçoit beaucoup d’informations en très peu de temps. Cela crée un changement interne rapide, parfois visible dans le corps (respiration, détente, émotions…).
Le thérapeute veille alors à ce que vous restiez dans votre fenêtre de tolérance : la zone où vous êtes présent, connecté, ni submergé ni déconnecté.
Lorsque cet équilibre est respecté, votre cerveau peut réorganiser ses connexions sans être perturbé.
Les séances de thérapie ICV
Le travail thérapeutique en ICV s’inscrit dans la continuité des séances sur plusieurs semaines, mois et parfois années, en cela il se distingue de la thérapie brève.
Plus les ancrages dysfonctionnels sont anciens, faisant suite notamment à des troubles de l’attachement et au TSPT complexe, plus la thérapie ICV se dessine en douceur au gré de la ré-organisation interne et du temps nécessaire au patient.

En fonction du style d’attachement affectif du patient et de son histoire personnelle, un plan de traitement protocolisé est réfléchi par le thérapeute et adapté de façon personnalisée.
Le rôle essentiel du thérapeute ICV
L’ICV n’est pas une technique : c’est avant tout une relation mise au service de la compréhension des besoins du patient et de sa régulation émotionnelle.
Pour ce faire, votre thérapeute doit être capable de :
- rester stable,
- réguler ses propres émotions,
- s’ajuster à vous,
- vous contenir et vous sécuriser.
Les chercheurs en psychologie de l’attachement (comme Allan Schore ou Daniel Siegel) montrent que le cerveau se développe grâce à la régulation offerte par les adultes durant l’enfance.
En ICV, cette dynamique est réactivée !
C’est la raison pour laquelle le thérapeute sert de repère stable. Votre cerveau s’appuie en effet sur cette sécurité pour se réorganiser.
Avec l’accompagnement de votre thérapeute, vous devenez ainsi progressivement capable de vous réguler vous-même, de compenser en quelques sortes ce qui, par le passé, durant l’enfance, n’a pas pu ou su s’accorder via les adultes référents affectifs de l’époque.
Plus le thérapeute est cohérent, plus les séances sont efficaces.
Reconstruire une histoire de vie cohérente

Beaucoup de personnes arrivent en thérapie avec une histoire de vie “éparpillée” :
- souvenirs flous,
- moments non reliés entre eux,
- sensations d’incohérence ou de fragmentation.

Grâce aux répétitions de la ligne de vie :
- les souvenirs prennent leur place,
- un fil chronologique se tisse,
- vous vous sentez davantage en continuité dans votre vie.
Au fil des séances, les patients décrivent :
- un sentiment plus profond d’être “dans leur vie”,
- moins d’hypervigilance,
- moins d’anxiété ou de colère,
- des réactions plus adaptées,
- une sensation intérieure de cohérence,
- un apaisement du corps,
- des prises de conscience douces,
- la fin de comportements automatiques du passé.
Cette capacité à se sentir le même à travers les années ouvre ainsi à une forme de guérison profonde.


